olence, il ne suffit pas de separer
les amants, elle essaya de donner quelques conseils generaux a
Ottilie. Malheureusement ces conseils se rapportaient aussi bien a
sa propre position qu'a celle de sa niece; et plus elle cherchait
a detourner cette jeune fille de la route funeste ou elle s'etait
engagee, plus elle sentait qu'elle-meme etait bien loin encore de se
retrouver sur le chemin du devoir.
Forcee ainsi de garder le silence, elle se borna a tenir les amants
eloignes l'un de l'autre, ce qui ne rendit pas la position meilleure.
Les allusions delicates par lesquelles elle cherchait parfois a
avertir Ottilie, ne produisirent aucun effet; car Edouard etait
parvenu a lui prouver que sa femme aimait le Capitaine, et que,
par consequent, elle aussi desirait le divorce, pour lequel il ne
s'agissait plus que de trouver un pretexte decent. Soutenue par le
sentiment de son innocence, elle croyait pouvoir sans crime s'avancer
vers le but ou elle devait trouver un bonheur si ardemment desire;
elle ne respirait plus que pour Edouard: cet amour l'affermissait
dans le bien, embellissait sou cercle d'activite et la rendait plus
expansive envers tout le monde; elle se croyait au ciel sur la terre.
C'est ainsi que nos quatre amis continuerent a vivre, en apparence du
moins, de leur vie habituelle. Rien dans leurs allures n'etait change,
ainsi que cela arrive souvent dans les positions les plus terribles;
tout est remis en question, les habitudes quotidiennes suivent leur
cours ordinaire, comme si rien ne menacait cette existence paisible.
CHAPITRE XIV.
Le Capitaine venait de recevoir deux lettres du Comte: l'une, qu'il
devait montrer a ses amis, contenait des promesses, des esperances;
l'autre, ecrite pour lui seul, renfermait l'offre positive d'une
charge importante d'administration et de cour, le grade de major, de
forts appointements et plusieurs autres avantages brillants. Comme il
etait indispensable de tenir cette offre secrete pendant quelque temps
encore, le Capitaine ne parla a ses amis que des esperances que lui
donnait la premiere de ces deux lettres.
S'occupant avec toutes les precautions necessaires, des preparatifs de
son prochain depart, il chercha surtout a hater les travaux commences.
Edouard le seconda de son mieux, car il desirait que tout fut fini
pour la fete d'Ottilie.
Le projet de reunir les trois etangs pour en former un lac, avait deja
eu un commencement d'execution; il etait donc impos
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