regne de Louis XVI, qui nous
serviront de guide. Ce sont encore les Histoires de Voltaire, de Henri
Martin, de Michelet, de M. Jobez; les patientes investigations de la
science moderne, les travaux des Sainte-Beuve, des Noailles, des Lavallee,
des Walckenaer, des Feuillet de Conches, des Le Roi, des Soulie, des
Rousset, des Pierre Clement, des d'Arneth, des Goncourt, des Lescure, de
la comtesse d'Armaille, de MM. Boutaric, Honore Bonhomme, Campardon, de
Barthelemy et de tant d'autres historiens et critiques distingues.
Assurement, il y a nombre de personnes qui connaissent a fond l'inventaire
de tous ces tresors. A de tels erudits je n'ai la pensee de rien
apprendre, et je ne suis, je le sais, que l'obscur disciple de tels
maitres. Mais peut-etre les gens du monde ne me blameront-ils pas d'avoir
etudie, pour eux, tant d'ouvrages; peut-etre des jeunes filles qui ont
acheve leurs etudes classiques me sauront-elles gre de resumer a leur
intention des lectures qu'elles ne feraient pas. Mon but serait de
vulgariser l'histoire en respectant scrupuleusement la verite, meme
lorsque je ne la dirai pas tout entiere; de repeupler les salles desertes,
de resumer brievement les lecons de morale, de psychologie, de religion,
qui sortent du plus grandiose des palais.
Puissent les femmes de Versailles etre pour moi autant d'Arianes dans ce
merveilleux labyrinthe!
Ce qui facilite la resurrection des femmes de la cour de Louis XIV et de
Louis XV, c'est la conservation du palais ou se passa leur existence.
II
Une ville a rarement presente un spectacle aussi frappant que celui
qu'offrait Versailles en 1871, pendant la lutte de l'armee contre la
Commune. Entre le grand siecle et notre epoque, entre la majeste de
l'ancienne France et les dechirements de la France nouvelle, entre les
horreurs lugubres dont Paris etait le theatre et les radieux souvenirs de
la ville du Roi-Soleil, le contraste etait aussi douloureux que
saisissant. Ces avenues ou l'on se montrait le chef du gouvernement et le
glorieux vaincu de Reichshoffen; cette place d'armes encombree de canons;
ces drapeaux rouges, tristes trophees de la guerre civile, qui etaient
portes a l'Assemblee, a la fois comme un signe de deuil et de victoire; ce
magnifique palais, d'ou semblait sortir une voix suppliante qui adjurait
nos soldats de sauver un si bel heritage de splendeurs historiques et de
grandeurs nationales, tout cela remplissait l'ame d'une emotion profonde.
A l
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