vieux roi; la duchesse de Bourgogne, dont la mort precoce fut le signal de
l'agonie d'une cour naguere si eblouissante.
Sous Louis XV, c'est la vertueuse, la sympathique Marie Leczinska, le
modele du devoir, qui joue aupres de Louis XV le meme role respecte, mais
efface que Marie-Therese aupres de Louis XIV. C'est l'intrigante, la
femme-ministre, la marquise de Pompadour, vraie magicienne, habituee a
tous les enchantements, a toutes les feeries du luxe et de l'elegance,
mais qui restera toujours une parvenue faite pour l'Opera plutot que pour
la cour.
Ce sont les six filles de Louis XV, types de piete filiale et de vertu
chretienne: Madame Infante, si tendre pour son pere; Madame Henriette, sa
soeur jumelle, morte de chagrin a vingt-quatre ans pour ne s'etre pas
mariee suivant son coeur; Madame Adelaide et Madame Victoire,
inseparables dans l'adversite comme dans les beaux jours; Madame Sophie,
douce et timide; Madame Louise, successivement amazone et carmelite, qui,
dans le delire de l'agonie, s'ecriait: "Au paradis, vite, vite! Au
paradis, au grand galop!"
C'est Mme Dubarry, deguisee en comtesse et destinee par l'ironie du sort a
ebranler les bases du trone de saint Louis, de Henri IV, de Louis XIV.
Puis apres le scandale, sous le regne qui est l'heure de l'expiation,
c'est Madame Elisabeth, nature angelique et essentiellement francaise,
montrant, au milieu des plus horribles catastrophes, non seulement du
courage, mais de la gaiete; c'est la princesse de Lamballe, gracieuse et
touchante heroine de l'amitie; c'est Marie-Antoinette, dont le nom seul
est plus pathetique que tous les commentaires.
Dans la carriere de ces femmes, que d'enseignements historiques, et aussi
que de lecons de psychologie et de morale! Qui ferait mieux connaitre la
cour, "ce pays ou les joies sont visibles mais fausses, et les chagrins
caches mais reels;" la cour, "qui ne rend pas content et qui empeche qu'on
ne le soit ailleurs[1]!"
[Note 1: La Bruyere, _De la Cour._]
Les femmes de Versailles ne nous disent-elles pas toutes: "La condition la
plus heureuse en apparence a ses amertumes secretes qui en corrompent
toute la felicite. Le trone est le siege des chagrins, comme la derniere
place; les palais superbes cachent des soucis cruels, comme le toit du
pauvre et du laboureur, et, de peur que notre exil ne nous devienne trop
aimable, nous y sentons toujours par mille endroits qu'il manque quelque
chose a notre bonheur[1]."
[Note
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