ysionomie a la
demeure du Grand Roi. L'image de Napoleon n'est pas plus a sa place a
Versailles que ne le serait la statue de Louis XIV au sommet de la colonne
Vendome.
Toutefois, si l'on veut etre juste, il ne faut pas oublier que
Louis-Philippe, dans les reparations de Versailles, etait loin d'avoir ses
coudees franches. Un souffle revolutionnaire si violent circulait dans
toute l'Europe, que la restauration du palais de la monarchie absolue
etait chose tres difficile et paraissait peu opportune. Au moment ou
l'oeuvre fut entreprise, on aurait pu dire avec l'auteur des _Ruines_:
"Ici fut le siege d'un empire puissant; ces lieux maintenant si deserts,
jadis une multitude vivante animait leur enceinte; ces murs ou regne un
morne silence retentissaient des cris d'allegresse et de fetes, et
maintenant voila ce qui reste d'une vaste domination: une lugubre
squelette, un souvenir obscur et vain, une solitude de mort; le palais des
rois est devenu le repaire des betes fauves! Comment s'est eclipsee tant
de gloire? [1]"
[Note 1: Volney, _les Ruines._]
Telle etait l'etat de degradation du chateau de Versailles, quand
Louis-Philippe entreprit de le reparer, malgre les criailleries des
iconoclastes modernes. Le roi-citoyenne put defendre le palais du
Roi-Soleil qu'en le placant, en quelque sorte, sous la sauvegarde des
gloires republicaines et imperiales. Pour se faire pardonner une tentative
contraire aux interets destructeurs des demagogues, qui ont l'horreur du
passe, il dut faire des commandes a une foule d'artistes de second ordre,
dont les travaux furent beaucoup plus remarquables par le nombre que par
le merite. De la ce melange entre les genres les plus disparates; de la
cette confusion bizarre entre des gloires qui semblent tout etonnees de se
trouver cote a cote; de la ce Pantheon qui a le caractere d'une Babel.
M. Lavallee le dit avec beaucoup de raison: "Le musee national a fait
subir a l'interieur du chateau de Versailles une transformation complete.
L'intention de ce musee etait excellente, l'execution n'y a pas repondu.
Entreprise par des hommes peu verses dans l'histoire du XVIIe siecle, elle
a malheureusement bouleverse les parties les plus interessantes du
chateau, et c'est ainsi que l'appartement de Mme de Maintenon, presque
meconnaissable aujourd'hui, est occupe par trois salles des campagnes de
1793, 1794, 1795."
L'escalier de marbre ou escalier de la reine aboutit a un vestibule. A
gauche de ce v
|