a plus poetique des femmes, par
celle qui resume en elle les triomphes et les humiliations, les joies et
les douleurs, par celle dont le nom seul inspire l'attendrissement et le
respect, par Marie-Antoinette. C'est la que vinrent au monde ses quatre
enfants et qu'elle faillit mourir a la naissance de sa premiere fille, la
future duchesse d'Angouleme. Une antique et bizarre etiquette autorisait
le peuple a s'introduire, en pareil cas, dans le palais des rois. La
galerie des Glaces, les salons, l'oeil-de-Boeuf, la chambre de la reine,
etaient envahis par la foule. Marie-Antoinette, manquant d'air respirable,
perdit connaissance pendant trois quarts d'heure. Quand elle revint a
elle, Louis XVI lui presenta la princesse qui venait de naitre:
"Pauvre petite, dit-elle, vous n'etiez pas desiree, mais vous n'en serez
pas moins chere. Un fils eut plus particulierement appartenu a l'Etat;
vous serez a moi, vous aurez tous mes soins, vous partagerez mon bonheur
et vous adoucirez mes peines."
Ce fut la aussi que virent le jour les deux fils du roi et de la reine
martyrs: l'un, ne le 22 octobre 1781, mort le 4 juin 1789; l'autre, ne le
27 mars 1785, connu sous le nom de duc de Normandie, et qui devait plus
tard s'appeler Louis XVII.
Dans cette chambre memorable a tant de titres, commenca l'agonie de la
royaute francaise. Marie-Antoinette y dormait le matin du 6 octobre 1789,
quand elle fut reveillee par l'insurrection. Au fond de la chambre, dans
le panneau ou est actuellement le portrait de la reine par Mme Lebrun, une
petite porte conduisait aux appartements du roi. C'est par la que la
malheureuse souveraine s'echappa pour aller chercher un refuge aupres de
Louis XVI, pendant que les emeutiers assassinaient les gardes du corps.
Quelques instants apres elle quittait Versailles, qu'elle ne devait jamais
revoir. Depuis lors, aucune femme n'occupa les appartements de la reine.
Le theatre subsiste, les decors sont a peine modifies; mais il faut faire
sortir de la poussiere du temps les acteurs, les actrices surtout.
L'annee que j'ai passee dans ces salles encore si pleines de leur souvenir
m'a donne la premiere idee du travail que je publie aujourd'hui. Que de
fois j'ai cru apercevoir, comme autant de gracieux fantomes, les femmes
illustres qui ont aime, qui ont souffert, qui ont pleure dans ce sejour!
Je voudrais me rendre un compte minutieux du role qu'elles y ont joue,
mentionner avec precision les appartements qu'elles ont ha
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