atre tours contenant de plus
petites chambres aux angles, et une autre tour sur la face de derriere
servant de cage a l'unique escalier. La chapelle est isolee par la
destruction des anciens communs; les fosses sont combles en partie, les
tourelles d'enceinte sont tronquees a la moitie, et l'etang qui baignait
jadis le chateau du cote du nord est devenu une jolie prairie oblongue,
avec une petite source au milieu.
Mais l'aspect encore pittoresque du vieux chateau ne frappa d'abord que
secondairement l'attention de l'heritiere de Blanchemont. Le meunier, en
l'aidant a descendre de voiture, la dirigeait vers ce qu'il appelait le
chateau neuf et les vastes dependances de la ferme, situees au pied du
manoir antique et bordant une tres-grande cour fermee d'un cote par un
mur crenele, de l'autre par une haie et un fosse plein d'eau bourbeuse.
Rien de plus triste et de plus deplaisant que cette demeure des riches
fermiers. Le chateau neuf n'est qu'une grande maison de paysan, batie,
il y a peut-etre cinquante ans, avec les debris des fortifications.
Cependant les murs solides, fraichement recrepis, et la toiture en
tuiles neuves d'un rouge criard, annoncaient de recentes reparations.
Ce rajeunissement exterieur jurait avec la vetuste des autres batiments
d'exploitation et la malproprete insigne de la cour. Ces batiments
sombres, et offrant des traces d'ancienne architecture, mais solides et
bien entretenus, formaient un developpement de granges et d'etables d'un
seul tenant qui faisait l'orgueil des fermiers et l'admiration de tous
les agriculteurs du pays. Mais cette enceinte, si utile a l'industrie
agricole, et si commode pour l'emmenagement du betail et de la recolte,
enfermait les regards et la pensee dans un espace triste, prosaique et
d'une salete repoussante. D'enormes monceaux de fumier enfonces dans
leurs fosses carrees en pierres de taille, et s'elevant encore a dix ou
douze pieds de hauteur, laissaient echapper des ruisseaux immondes qu'on
faisait ecouler a dessein en toute liberte vers les terrains inferieurs
pour rechauffer les legumes du potager. Ces provisions d'engrais,
richesse favorite du cultivateur, charment sa vue et font glorieusement
palpiter son coeur satisfait, lorsqu'un confrere vient les contempler
avec l'admiration de l'envie. Dans les petites exploitations rustiques,
ces details n'offensent pourtant ni les yeux ni l'esprit de l'artiste.
Leur desordre, l'encombrement des instruments aratoires, la ve
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