vance aux
dangers ou aux souffrances de l'entreprise. M. de Valvedre etait
tres-riche, et, pouvant faire plus que tant d'autres savants, toujours
empeches par leur honorable pauvrete ou la parcimonie des gouvernements,
il regardait comme un devoir de ne reculer devant aucune depense en vue
du progres de la science. J'exprimai a Henri le regret de ne pas avoir
ete averti pendant la nuit. J'aurais demande a M. de Valvedre la
permission de l'accompagner.
--Il te l'eut refusee, repondit-il, comme il me l'avait refusee a
moi-meme. Il t'eut dit, comme a moi, que tu etais un fils de famille, et
qu'il n'avait pas le droit d'exposer ta vie. D'ailleurs, tu aurais
compris, comme moi, que, quand on n'est pas fort necessaire dans ces
sortes d'expeditions, on y est fort a charge. Un homme de plus a loger,
a nourrir, a proteger, a soigner peut-etre dans de pareilles
conditions...
--Oui, oui, je le comprends pour moi; mais comment se fait-il que tu ne
sois pas extremement utile, toi savant, a ton savant ami?
--Je lui suis plus necessaire en restant a Saint-Pierre, d'ou je peux
suivre presque tous ses mouvements sur la montagne, et d'ou, a un signal
donne, je peux lui envoyer des vivres, s'il en manque, et des secours,
s'il en a besoin. J'ai, d'ailleurs, a faire marcher une serie
d'observations comparatives simultanement avec les siennes, et je lui ai
donne ma parole d'honneur de n'y pas manquer.
--Je vois, dis-je a Obernay, que tu es excessivement devoue a ce
Valvedre, et que tu le consideres comme un homme du plus grand merite.
C'est l'opinion de mon pere, qui m'a quelquefois parle de lui comme
l'ayant rencontre chez le tien a Paris, et je sais que son nom a une
certaine illustration dans les sciences.
--Ce que je puis te dire de lui, repondit Obernay, c'est qu'apres mon
pere il est l'homme que je respecte le plus, et qu'apres mon pere et
toi, c'est celui que j'aime le mieux.
--Apres moi? Merci, mon Henri! Voila une parole excellente et dont je
craignais d'etre devenu indigne.
--Et pourquoi cela? Je n'ai pas oublie que le plus paresseux a ecrire,
c'est moi qui l'ai ete; mais, de meme que tu as bien compris cette
infirmite de ma part, de meme j'ai eu la confiance que tu me la
pardonnais. Tu me connaissais assez pour savoir que, si je ne suis pas
un camarade assez demonstratif, je suis du moins un ami aussi fidele
qu'il est permis de le souhaiter.
Je fus vivement touche, et je sentis que j'aimais ce jeune homme de
tou
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