ts qui
avaient transporte une partie des bagages de son ami. Cette bande
continua sa route vers la vallee, et Obernay se jeta sur le gazon aupres
de moi. Il etait extremement fatigue: il avait marche dix heures sur
douze sur un terrain non fraye, et cela par amitie pour moi. Partage
entre deux affections, il avait voulu juger des difficultes et des
dangers de l'entreprise de M. de Valvedre, et revenir a temps pour ne
pas me laisser seul une journee entiere.
Il tira de son bissac quelques aliments et un peu de vin, et, retrouvant
peu a peu ses forces, il m'expliqua les procedes d'exploration de son
ami. Il s'agissait, non comme M. Moserwald me l'avait dit, d'atteindre
la plus haute cime du mont Rose, ce qui n'etait peut-etre pas possible,
mais de faire, par un examen approfondi, la dissection geologique de la
masse, L'importance de cette recherche se reliait a une serie d'autres
explorations faites et a faire encore sur toute la chaine des Alpes
Pennines, et devait servir a confirmer ou a detruire un systeme
scientifique particulier que je serais aujourd'hui fort embarrasse
d'exposer au lecteur: tant il y a que cette promenade dans les glaces
pouvait durer plusieurs jours. M. de Valvedre y portait une grande
prudence a cause de ses guides et de ses domestiques, envers lesquels il
se montrait fort humain. Il etait muni de plusieurs tentes legeres et
ingenieusement construites, qui pouvaient contenir ses instruments et
abriter tout son monde. A l'aide d'un appareil a eau bouillante de la
plus petite dimension, merveille d'industrie portative dont il etait
l'inventeur, il pouvait se procurer de la chaleur presque
instantanement, en quelque lieu que ce fut, et combattre tous les
accidents produits par le froid. Enfin il avait des provisions de toute
espece pour un temps donne, une petite pharmacie, des vetements de
rechange pour tout son monde, etc. C'etait une veritable colonie de
quinze personnes qu'il venait d'installer au-dessus des glaciers, sur un
vaste plateau de neige durcie, hors de la portee des avalanches. Il
devait passer la deux jours, puis chercher un passage pour aller
s'installer plus loin avec une partie de son materiel et de son monde,
le reste pouvant l'y rejoindre en deux ou trois voyages, pendant qu'il
tenterait d'aller plus loin encore. Condamne peut-etre a ne faire que
deux ou trois lieues de decouvertes chaque jour a cause de la difficulte
des transports, il avait garde quelques mulets, sacrifies d'a
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