de Paris, on avait decide a l'unanimite d'entreprendre une
agitation commune pour l'introduction immediate de la journee de huit
heures. Les deputes socialistes au Reichstag y firent la proposition
d'introduire en 1890 la journee de _dix_ heures, en 1894 celle de _neuf_
et finalement en 1898 celle de _huit_. Il aurait donc fallu attendre
huit annees avant d'arriver par le Reichstag a la journee de huit
heures!
Si nous voulions etre mechants, nous demanderions s'il y a peut-etre
correlation entre cette annee et la fixation, par Engels, de l'epoque de
la "grande catastrophe" en 1898. S'il en etait ainsi, on serait tente de
croire que l'obtention de la journee de huit heures est consideree comme
l'heureux aboutissant de cette catastrophe. Nous laissons au lecteur
impartial le soin de juger si cela n'equivaut pas a l'abandon du but
final. Mais en tout cas nous considerons comme une faute impardonnable
d'avoir fait une pareille proposition de loi. Et le bien-fonde des dires
de l'opposition ressort indubitablement de la declaration de Molkenbuhr;
celui-ci denie a cette opposition toute raison d'etre, vu que la journee
de dix heures serait actuellement deja un grand progres. Molkenbuhr
ajoute que le projet de loi de la fraction socialiste est plus radical
que ce qui est deja applique en Suisse et en Autriche! En d'autres
termes: nous devons deja etre tres contents si nous obtenons la journee
de dix heures, et celle de huit heures n'est pour nous qu'une question
secondaire! Et nous demandons encore si apres de telles paroles
l'accusation d'avachissement par le parlementarisme est tellement denuee
de verite?
Tout le monde est de l'avis de Liebknecht lorsqu'il met si
judicieusement en garde contre l'opportunisme, en reclamant le maintien
du caractere revolutionnaire du parti et lorsqu'il declare "qu'un
compromis entre le capitalisme et le socialisme n'est pas possible, vu
que tous les partis bourgeois se trouvent bases sur le capitalisme.
(Comme cela differe de son discours "ministeriel" de Halle, ou il dit
"qu'en Allemagne les choses en sont la qu'une action parallele avec les
partis bourgeois ne peut pas etre evitee jusqu'a un certain point!")
Meme en abandonnant pour un instant la phrase de "la masse
reactionnaire, une et indivisible", nous ne devons pourtant point perdre
de vue que tous les autres partis constituent une masse compacte,
formant une forteresse, qui ne peut etre rasee ni par la douceur, ni par
de belles par
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