ces, qu'Engels nous
presente avec une confiance absolue, comme si la realisation du
socialisme devait nous tomber du ciel, sans que nous ayons besoin de
nous deranger.
Dans leur imagination, nous voyons deja Bebel ou Liebknecht chanceliers
de l'empire sous Guillaume II, avec un ministere compose de
democrates-socialistes.
Les voila au travail! Est-on assez naif pour s'imaginer qu'il en
resultera quoi que ce soit?
Certes, si deja actuellement l'opportunisme ne leur repugne pas, nous ne
serions pas du tout etonnes de les voir se perfectionner dans ce sens,
une fois arrives au pouvoir. S'ils y parviennent, cela ne sera qu'au
detriment du socialisme, qui, en perdant tous ses cotes essentiels et
caracteristiques, ne ressemblera plus que fort peu a l'ideal que s'en
creent actuellement ses precurseurs. Une scission se produirait bien
vite parmi ces millions d'electeurs et un gachis formidable en
resulterait. On a devant soi l'exemple du christianisme au debut de
notre ere, avec l'empereur Constantin.
Pourquoi un empereur ne s'affublerait-il pas, dans un but politique,
d'un manteau rouge-sang afin de gagner, comme empereur socialiste, la
sympathie des masses? Il y aurait ainsi un socialisme officiel, tout
comme il y eut un christianisme officiel, et ceux qui resteraient
fideles aux veritables principes socialistes seraient poursuivis comme
heretiques.
Cela s'est vu. Et pourquoi ne pas profiter des enseignements de
l'histoire?
Il y a en chaque homme un peu de l'inquisiteur, et plus on est convaincu
de la justice de ses opinions, plus aussi on tend a suspecter et a
persecuter les autres. Jamais nous n'en vimes un exemple plus frappant
que celui de Robespierre, dont personne ne mettra en doute la probite.
Et ne constatons-nous pas, deja aujourd'hui, cette attitude
inquisitoriale et intolerante du parti socialiste officiel allemand
envers les "Jeunes"?
Cela provient moins des personnalites que de l'autorite qui leur est
accordee.
Une personne revetue d'une autorite quelconque veut et doit l'exercer,
et de la a l'abus il n'y a qu'un pas. Voila pourquoi nous constatons
toujours le meme mal dont la forme a ete changee sans que l'on ait
attaque le fond et c'est pour cela que l'on ne doit accorder que le
moins d'autorite possible aux individus et que ceux-ci ne doivent pas en
reclamer.
S'il est vrai que, sauf l'eventualite d'une guerre, le parti
democratique-socialiste en Allemagne est en mesure de "predire avec u
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