atement apres_
l'abolition de l'Etat policier et militaire."
Les faits sont presentes sobrement mais avec verite. Il en sera ainsi,
en effet. Car personne n'est assez naif pour croire que la classe
possedante renoncera volontairement a la propriete ou que cette reforme
puisse etre obtenue par decret du Parlement. D'abord, on represente
l'action politique comme moyen d'agitation, mais une fois sur la pente,
on glisse. Liebknecht, lors de la reunion du parti a Saint-Gall, ne
dit-il pas: "Il ne peut exister d'erreur sur le point que, une fois
electeurs, nous aurions a donner non seulement une signification
agitative mais egalement positive aux elections et a l'action
parlementaire." Marchons donc pour realiser ce but d'agitation.
Vollmar, sous ce rapport, fut le plus consequent parmi les
social-democrates allemands, et ses propositions indiquent de plus en
plus la ligne de conduite que ceux-ci devront suivre a l'avenir[18].
Le parlementarisme, comme systeme, est defectueux meme si l'on tachait
de l'ameliorer, ce serait peine perdue. L'ouvrage de Leverdays, _Les
Assemblees parlantes_, est sous ce rapport tres instructif et la
question y est traitee a fond. Pourquoi les parlementaires ne
tachent-ils pas de refuter ce livre? Les Chambres ou Parlements
ressemblent beaucoup a un moulin a paroles ou, comme dit Leverdays, a
"un gouvernement de bavards a portes ouvertes". Un bon depute, ne s'en
tenant qu'a sa _propre_ experience, ses _propres_ intentions et sa
_propre_ conviction, devrait etre au moins aussi capable que l'ensemble
des ministres, aides par les employes speciaux de leurs ministeres. On
doit savoir juger de tout, car les choses les plus diverses et les plus
disparates viennent a l'ordre du jour d'un Parlement. Il faut etre au
moins une encyclopedie vivante. Quel supplice pour le depute qui se
donne pour devoir--et il doit le faire!--d'ecouter tous les discours.
"A La Haye, a la _Gevangenpoort_[19], le geolier vous raconte qu'en des
temps plus barbares, les criminels etaient jetes a terre sur le dos, et
qu'on faisait tomber de l'eau, goutte a goutte, du plafond sur leur
tete. Et le brave homme ajoute toujours que c'est la le plus _cruel_
supplice.
Eh bien, ce cruel supplice est transporte au _Binnenhof_[20], et un bon
depute subit journellement le martyre et le tourment de sentir tomber
cette goutte d'eau continuelle, non sur sa tete, mais a son oreille,
sous la forme de _speeches_ d'honorables confreres.
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