dans
sa tres interessante brochure[12]:
"On reconnait donc que la peur d'etre accuse, par les masses electorales
indifferentes, de negliger leurs devoirs parlementaires et de risquer
ainsi de ne pas etre reelus, constitue une des raisons invitant les
delegues a se rendre au Parlement et a y travailler pratiquement.
Evidemment. Quand on a fait accroire aux electeurs que le parlement
pouvait apporter des ameliorations, il est clair que les
social-democrates doivent s'y rendre. Mais que la classe ouvriere puisse
obtenir du Parlement des ameliorations valant la peine d'etre notees,
les chefs eux-memes n'en croient rien et ils l'ont dit assez souvent. Et
on se permet d'appeler "agitation" et "developpement de la masse" cette
duperie, cette fourberie envers les travailleurs. Nous pretendons que
cette espece d'agitation et de developpement fait du tort et vicie le
mouvement au lieu de lui etre utile. Si l'on prone continuellement le
Parlement comme une _revalenta_, comment veut-on faire surgir alors des
"masses indifferentes" les social-democrates qui sont bien les ennemis
mortels du parlementarisme et ne voient dans les reformes sociales
parlementaires qu'un grand _humbug_ des classes dirigeantes pour duper
le proletariat? De cette maniere la social-democratie ne gagne pas les
masses, mais les masses petit-bourgeoises gagnent, c'est-a-dire
corrompent et aneantissent, la social-democratie et ses principes."
Personne ne l'a senti et exprime plus clairement que Liebknecht
lui-meme, mais, a ce moment-la, c'etait le Liebknecht revolutionnaire de
1869 et non pas le Liebknecht "parlementarise" de 1894. Dans
son interessante conference sur l'attitude politique de la
social-democratie, specialement par rapport au Parlement, il s'exprima
comme suit:
"Nous trouvons un exemple instructif et avertisseur dans le parti
progressiste. Lors du soi-disant conflit au sujet de la Constitution
prussienne, les beaux et vigoureux discours ne manquerent pas. Avec
quelle energie on protesta contre la reorganisation _en paroles!_ Avec
quelle "opinion solide" et quel "talent" on prit la defense des droits
du peuple ... _en paroles!_ Mais le gouvernement ne s'inquieta guere de
toutes ces reflexions juridiques. Il laissa le droit au parti
progressiste, garda la force et s'en servit. Et le parti progressiste?
Au lieu d'abandonner la lutte parlementaire, devenue, en ces
circonstances, une sottise nuisible, au lieu de quitter la tribune, de
forcer le
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