tions, necessaires a la marche reguliere de la
legislation ouvriere, et, avant tout, les institutions democratiques
necessaires au triomphe du proletariat, ne deviendront pas une realite.
Aux Etats-Unis, en Angleterre et aux colonies anglaises, dans certaines
circonstances en France egalement, la legislation par le peuple pourra
arriver a un certain developpement; pour nous, Europeens de l'Est, elle
appartient a l'inventaire de l'Etat de l'avenir[5]."
Est-ce que des gens pratiques comme les Allemands qui tachent toujours
de marcher avec l'actualite, vont se passionner maintenant pour
"l'inventaire de l'Etat de l'avenir" et devenir des fanatiques et des
reveurs?
On est donc alle bien plus loin qu'on ne l'aurait voulu.
Quoique notre proposition ait ete rejetee, nous avons la satisfaction
d'etre les initiateurs qui ont fait jouer, aux partisans du courant
reactionnaire un role bien plus revolutionnaire qu'ils ne le voulaient.
1 deg. Ils ont reconnu que l'action politique _n'est qu'un moyen_ pour
obtenir la liberte economique du proletariat; 2 deg. ils ont accepte la
legislation directe par le peuple. Ils se sont donc ecartes totalement
du point de depart primitif de leur proposition, pour se rapprocher de
la notre. Et quand Liebknecht dit: "Ce qui nous separe, ce n'est pas une
difference de principes, c'est la phrase revolutionnaire et nous devons
nous affranchir de la phrase", nous sommes, en ce qui concerne ces
derniers mots, completement d'accord avec lui, mais nous demandons qui
fait le plus de phrases: lui et les siens qui se perdent dans des
redondances insignifiantes, ou nous, qui cherchons a nous exprimer d'une
maniere simple et correcte?
Il parait toutefois que le succes, le succes momentane doit permettre de
donner le coup de collier; du moins en 1891, lors de la reunion du parti
a Erfurt, Liebknecht s'exprima comme suit[6]:
"Nos armes etaient les meilleures. Finalement, la force brutale doit
reculer devant les facteurs moraux, devant la logique des faits.
Bismarck, ecrase, git a terre, et le parti social-democratique est le
plus fort des partis en Allemagne. N'est-ce pas une preuve peremptoire
de la justesse de notre tactique actuelle? Or, qu'est-ce que les
anarchistes ont realise en Hollande, en France, en Italie, en Espagne,
en Belgique? Rien, absolument rien! Ils ont gate ce qu'ils ont
entrepris et fait partout du tort au mouvement. Et les ouvriers
europeens se sont detournes d'eux."
On pourrait
|