ne
certitude quasi mathematique l'epoque ou il arrivera au pouvoir", la
situation est vraiment merveilleuse; mais, sans etre depourvus d'un
certain optimisme, il nous est impossible de partager cette opinion. Et
c'est precisement le congres d'Erfurt qui nous a donne la profonde
conviction que l'Allemagne ne reprendra pas pour son compte le role
liberateur traditionnel de la France. Nous sommes plutot de l'avis de
Marx lorsque celui-ci dit que "la revolution eclatera au chant du coq
gaulois."
Avec l'histoire de l'Allemagne devant les yeux, nous croyons pouvoir
affirmer que dans ce pays le sentiment revolutionnaire est fort peu
developpe. Est-ce a la consommation d'enormes quantites de biere qu'il
faut attribuer ce manque presque absolu d'esprit revolutionnaire en
Allemagne? Ce qui est certain, c'est que le mot "discipline" est
beaucoup plus employe dans ce pays que le mot "liberte". Il en est ainsi
dans tous les partis, sans en excepter la democratie socialiste. Nous ne
meconnaissons point le bon cote d'une certaine discipline, surtout dans
un parti d'agitation, mais si l'on tombe dans l'exageration, la
discipline devient forcement un obstacle a toute initiative et a toute
independance.
La direction d'un groupe, avec une telle discipline, aboutit fatalement
au despotisme, qui est moins l'oeuvre de quelques personnalites que la
consequence de l'esprit de soumission passive chez la masse. Ce ne sont
pas les despotes qui rendent le peuple docile et soumis, mais l'absence
d'aspirations libertaires chez la masse qui rend les tyrans possibles.
Il en est ici comme pour les jesuites. A quoi bon les persecuter et les
chasser? Si une poignee d'hommes presente un tel danger pour une nation
entiere, celle-ci se trouve vraiment dans une situation pitoyable. Ce ne
sont pas les jesuites qui creent les tartufes, mais un monde hypocrite
comme le notre est le champ le plus propice au developpement du
jesuitisme.
La discipline exageree qui regne chez les socialistes-democrates
allemands s'explique tres naturellement par la vie nationale du peuple
entier.
Tout, dans ce pays, est dresse militairement depuis la plus tendre
jeunesse et si, au Congres de Bruxelles, on a envisage quelle devait
etre l'attitude du socialisme envers le militarisme, il eut ete
peut-etre utile de traiter egalement des effets du militarisme _dans_
le socialisme. Car ce phenomene existe en realite. La Russie est
toujours representee--avec justice--comme le pa
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