ys du knout, mais
l'Allemagne peut etre citee, non moins justement, comme le pays du
baton. Cet instrument constitue en Allemagne l'element educateur par
excellence. Dans les familles, le baton a sa place a cote des tableaux
suspendus au mur et generalement les parents s'en servent fort
genereusement envers leur progeniture. A l'ecole, le maitre non
seulement l'emploie mais il a meme le _droit_ de s'en servir. Ce qui
fait que les enfants, ayant quitte l'ecole et entrant a l'atelier ou a
la fabrique, ne sont nullement etonnes de retrouver la egalement leur
ancienne connaissance, et c'est dans l'armee que le baton obtient son
plus grand triomphe.
Et l'influence du baton, subie depuis la premiere jeunesse, ne se ferait
point sentir dans le developpement du caractere et ne ferait pas naitre
un esprit de soumission etouffant toute aspiration libertaire! A qui
voudrait-on le faire croire?
Il est tout naturel que ces hommes militairement dresses, en entrant
dans un parti se soumettent la egalement a une discipline rigoureuse,
telle qu'on la chercherait en vain dans un pays ou une plus grande
liberte existe depuis des siecles et ou l'on ne supporterait pas les
frasques de l'autorite avec la passivite qui parait etre de rigueur en
Allemagne.
Engels pretend que, si l'Allemagne continue en paix son developpement
politico-economique, le triomphe legal de la democratie socialiste peut
etre escompte pour la fin de ce siecle, et Bebel croit egalement que la
plupart de nos contemporains verront la realisation integrale de nos
revendications. Mais une guerre quelconque peut completement renverser
ces belles esperances.
Cette reflexion nous fait penser a l'attitude des chefs allemands lors
de la discussion sur le militarisme au Congres de Bruxelles. Personne
n'ignore combien la haine de la Russie est innee chez Marx et chez
Engels, et comment elle a ete transmise par eux au parti entier. Pendant
que nous nous imaginions naivement que la legende de "l'ennemie
hereditaire" devait etre definitivement enterree, la Russie est
constamment presentee comme l'ennemie hereditaire de l'Allemagne. En
1876, Liebknecht publia une brochure si vehemente contre la Russie[3]
(non contre le _czarisme_ mais contre la _Russie_) qu'un autre
democrate-socialiste se crut oblige d'en ecrire une autre, intitulee:
_La democratie socialiste doit-elle devenir turque?_ Actuellement encore
Bebel, Liebknecht, Engels, et la _Volkstribuene_ de Berlin reclament e
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