ule, parce qu'il est arrive a une
autre situation sociale, le danger nait qu'il abandonne la voie commune
et qu'il perde le sentiment de cohesion avec la masse. Vollmar est,
depuis quelques annees deja, plus ou moins isole, d'un cote par son etat
physique et plus encore par des habitudes materielles plus
avantageuses. Il n'arrive que trop souvent, lorsqu'on se trouve dans une
position qu'on peut considerer soi-meme comme satisfaisante, de supposer
chez la masse affamee les memes sentiments de satisfaction et de penser:
Les reformes ne sont pas si urgentes; soyons prudents et essayons
d'arriver, sans precipitation, peu a peu, a nos fins. Nous avons le
temps".
Cette remarque est sans doute fort judicieuse et pratique, mais il y a
une chose qui nous etonne, c'est qu'aucun des soi-disant Jeunes gens ne
se soit leve pour dire a Bebel: "Est-ce que cette explication de la
facon d'agir de Vollmar n'est pas egalement applicable a vous et aux
votres? Est-ce que le reproche que nous vous adressons d'avoir abandonne
les idees revolutionnaires, jadis defendues par vous et suivies par nous
sous votre direction, n'a pas les memes motifs que ceux que vous
attribuez si justement a Vollmar?"
Combien Bebel est revolutionnaire lorsqu'il se trouve en face de
Vollmar! Et comme son discours peut servir aux Jeunes, contre lui-meme,
avec la legende: _De re fabula narratur_. C'est de toi qu'il s'agit. "Si
nous faisions ce que desire Vollmar, nous deviendrions fatalement un
parti opportuniste dans le plus mauvais sens du mot. Une pareille
transformation serait pour le parti la meme chose que si l'on brisait la
colonne vertebrale a un etre organique quelconque, auquel on demanderait
ensuite les memes efforts qu'auparavant. Voila pourquoi je m'oppose a ce
que l'on brise l'epine dorsale a la democratie socialiste, c'est-a-dire
a ce que l'on refoule au second plan son principe essentiel: la lutte
des classes pauvres contre les classes dirigeantes et l'autorite de
l'Etat, pour le remplacer par une agitation edulcoree et par la lutte
exclusivement en vue de revendications dites pratiques."
Donc, Bebel, Liebknecht, Auer, Fischer, etc., tous sont d'avis que
Vollmar, dans ses discours de Munich, a reellement propose une nouvelle
tactique. La-dessus il y avait unanimite d'appreciation, meme apres les
discours prononces par Vollmar au Congres.
En effet, Liebknecht ne declarait-il pas qu'apres avoir entendu Vollmar
il etait plus que jamais d'avis que
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