ue ce soit de materiel.
Bref, la vie subjective ne parait pas seulement etre une condition
logiquement indispensable pour qu'il y ait un monde objectif qui
_apparaisse_, c'est encore un element de l'experience meme que nous
eprouvons directement, au meme titre que nous eprouvons notre propre
corps.
Idees et Choses, comment donc ne pas reconnaitre leur dualisme?
Sentiments et Objets, comment douter de leur heterogeneite absolue?
La psychologie soi-disant scientifique admet cette heterogeneite comme
l'ancienne psychologie spiritualiste l'admettait. Comment ne pas
l'admettre? Chaque science decoupe arbitrairement dans la trame des
faits un champ ou elle se parque, et dont elle decrit et etudie le
contenu. La psychologie prend justement pour son domaine le champ des
faits de conscience. Elle les postule sans les critiquer, elle les
oppose aux faits materiels; et sans critiquer non plus la notion de ces
derniers, elle les rattache a la conscience par le lien mysterieux de la
_connaissance_, de, l'_aperception_ qui, pour elle, est un troisieme
genre de fait fondamental et ultime. En suivant cette voie, la
psychologie contemporaine a fete de grands triomphes. Elle a pu faire
une esquisse de l'evolution de la vie consciente, en concevant cette
derniere comme s'adaptant de plus en plus completement au milieu
physique environnant. Elle a pu etablir un parallelisme dans le
dualisme, celui des faits psychiques et des evenements cerebraux. Elle a
explique les illusions, les hallucinations, et jusqu'a un certain point,
les maladies mentales. Ce sont de beaux progres; mais il reste encore
bien des problemes. La philosophie generale surtout, qui a pour devoir
de scruter tous les postulats, trouve des paradoxes et des empechements
la ou la science passe outre; et il n'y a que les amateurs de science
populaire qui ne sont jamais perplexes. Plus on va au fond des choses,
plus on trouve d'enigmes; et j'avoue pour ma part que depuis que je
m'occupe serieusement de psychologie, ce vieux dualisme de matiere et de
pensee, cette heterogeneite posee comme absolue des deux essences, m'a
toujours presente des difficultes. C'est de quelques-unes de ces
difficultes que je voudrais maintenant vous entretenir.
D'abord il y en a une, laquelle, j'en suis convaincu, vous aura frappes
tous. Prenons la perception exterieure, la sensation directe que nous
donnent par exemple les murs de cette salle. Peut-on dire ici que le
psychique et le physique son
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