'activite mentale. Les uns soutiennent qu'elle est une force
purement spirituelle que nous sommes en etat d'apercevoir immediatement
comme telle. Les autres pretendent que ce que nous nommons activite
mentale (effort, attention, par exemple) n'est que le reflet senti de
certains effets dont notre organisme est le siege, tensions musculaires
au crane et au gosier, arret ou passage de la respiration, afflux de
sang, etc.
De quelque maniere que se resolvent ces controverses, leur existence
prouve bien clairement une chose, c'est qu'il est tres difficile, ou
meme absolument impossible de savoir, par la seule inspection intime de
certains phenomenes, s'ils sont de nature physique, occupant de
l'etendue, etc., ou s'ils sont de nature purement psychique et
interieure. Il nous faut toujours trouver des raisons pour appuyer notre
avis; il nous faut chercher la classification la plus probable du
phenomene; et en fin de compte il pourrait bien se trouver que toutes
nos classifications usuelles eussent eu leurs motifs plutot dans les
besoins de la pratique que dans quelque faculte que nous aurions
d'apercevoir deux essences ultimes et diverses qui composeraient
ensemble la trame des choses. Le corps de chacun de nous offre un
contraste pratique presque violent a tout le reste du milieu ambiant.
Tout ce qui arrive au dedans de ce corps nous est plus intime et
important que ce qui arrive ailleurs. Il s'identifie avec notre moi, il
se classe avec lui. Ame, vie, souffle, qui saurait bien les distinguer
exactement? Meme nos images et nos souvenirs, qui n'agissent sur le
monde physique que par le moyen de notre corps, semblent appartenir a ce
dernier. Nous les traitons comme internes, nous les classons avec nos
sentiments affectifs. Il faut bien avouer, en somme, que la question du
dualisme de la pensee et de la matiere est bien loin d'etre finalement
resolue.
Et voila terminee la premiere partie de mon discours. J'ai voulu vous
penetrer, Mesdames et Messieurs, de mes doutes et de la realite, aussi
bien que de l'importance, du probleme.
Quant a moi, apres de longues annees d'hesitation, j'ai fini par prendre
mon parti carrement. Je crois que la conscience, telle qu'on se la
represente communement, soit comme entite, soit comme activite pure,
mais en tout cas comme fluide, inetendue, diaphane, vide de tout contenu
propre, mais se connaissant directement elle-meme, spirituelle enfin, je
crois, dis-je, que cette conscience est une pur
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