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ere et son fusil, acheta un lievre en traversant le marche, et s'en alla a travers champs au chateau de Morand. Il y avait six mois qu'il n'avait eu de rapports directs avec le marquis; il savait seulement que celui-ci s'en prenait a lui de tout ce qui etait arrive et parlait de lui avec un vif ressentiment. "Il en arrivera ce qui pourra, se disait Joseph en chemin; mais il faut que je tente quelque chose sur lui, n'importe quoi, n'importe comment. Joseph Marteau n'est pas une bete; il prendra conseil des circonstances et tachera d'etudier son marquis de la tete aux pieds pour s'en emparer." Le marquis ne s'attendait guere a sa visite. Il assistait a un semis d'orge dans un de ses champs; Joseph, en l'apercevant, fut surpris du changement qui s'etait opere dans ses traits et dans son attitude: la revolte et l'abandon d'Andre avaient bien porte une certaine atteinte a son coeur paternel; mais son principal regret etait de n'avoir plus personne a tourmenter et a faire souffrir. La grosse philosophie de tous ceux qui l'entouraient recevait stoiquement les bourrasques de sa colere; l'effroi, la paleur et les larmes d'Andre etaient des victoires plus reelles, plus completes, et il ne pouvait se consoler d'avoir perdu ses triomphes journaliers. Joseph s'attendait au froid accueil qu'il recut; aussi fit-il bonne contenance, comme s'il ne se fut apercu de rien. --Je ne comptais pas sur le plaisir de vous voir, lui dit M. de Morand. --Oh! ni moi non plus, dit Joseph; mais passant par ce chemin et vous voyant si pres de moi, je n'ai pu me dispenser de vous souhaiter le bonjour. --Sans doute, dit le marquis, vous ne pouviez pas vous en dispenser... d'autant plus que cela ne vous coutait pas beaucoup de peine. Joseph secoua la tete avec cet air de bonhomie qu'il savait parfaitement prendre quand il voulait. "Tenez, voisin, dit-il (je vous demande pardon, je ne peux pas me deshabituer de vous appeler ainsi), nous ne nous comprenons pas, et puisque vous voila, il faut que je vous dise ce que j'ai sur le coeur. J'etais bien resolu a n'avoir jamais cette explication avec vous; mais quand je vous ai vu la avec cette brave figure que j'avais tant de plaisir a rencontrer quand je n'etais pas plus haut que mon fusil, c'a ete plus fort que moi; il a fallu que je misse mon depit de cote et que je vinsse vous donner une poignee de main. Touchez la. Deux honnetes gens ne se rencontrent pas tous les jours dans un chemin, comme on
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