sieurs
autres choses qui se passoient par le monde. Quand Hugues l'eut bien
escoute, il haussa la main dextre pour faire le signe de la croix, disant:
J'atteste mon Dieu et Seigneur Jesus-Christ, que tu n'es autre qu'un diable
menteur. Alors le diable lui dit: Ne hausse pas ton bras contre moy et tout
aussitost ceste bande de diables disparut comme fumee. Et Hugues, le meme
jour de la vision, trespassa le soir."
Le Loyer raconte aussi[1] cette autre apparition du diable:
[Note 1: _Discours et histoires des spectres_, etc., page 317.]
"En la ville de Fribourg, du temps de Frederic, second du nom, un jeune
homme brusle par trop ardemment de l'amour d'une fille de la mesme ville,
pratiqua un magicien auquel il promit argent, s'il pouvoit par son moyen
jouir de l'amour de la fille. Le magicien le mene de belle nuit en un
cellier escarte ou il dresse son cercle, ses figures et ses caracteres
magiques, entre dans le cercle et y fait pareillement entrer l'escolier.
Les esprits appelez se presentent mais en diverses formes, fantosmes et
illusions... Enfin le plus meschant diable de tous se montre a l'escolier
en la forme de la fille qu'il aymoit et en contenance fort joyeuse
s'approche du cercle. L'escolier aveugle et transporte d'amour, estend sa
main hors le cercle pour penser prendre la fille, mais tout content, le
diable lui saisit la main, l'arrache du cercle et le rouant ou tournant
deux ou trois tours lui casse et brise la tete contre la muraille du
celier, et jeta le corps tout mort sur le magicien, et ce fait luy et les
autres esprits disparurent.
"Il ne faut pas demander si le magicien fut bien effraye a ce piteux
spectacle, se voyant en outre charge du pesant fardeau de l'escolier. Il ne
bougea de la nuit de l'enclos de son cercle, et le lendemain matin il se
fit si bien ouir criant et lamentant, qu'on accourt a son cry et est trouve
a demy mort avec le corps de l'escolier et est degage a toute peine."
"Au surplus, dit Le Loyer[1], quant aux heretiques et heresiarques de
nostre temps, ils ne se trouveront pas plus exempts d'associations avec le
diable et de ses visions. Car Luther a eu un demon, et a este si impudent
que de le confesser bien souvent par ses ecrits. Je ne le veux faire voir
que par un traicte qu'il a faict de la messe angulaire, ou il se descouvre
ouvertement et dit qu'entre luy et le diable y avoit familiarite bien
grande, et qu'ils avoient bien mange un muy de sel ensemble. Que le diable
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