let ouvre et demande qu'il vouloit? Parler a ton maistre, fit-il. Le
theologien le fait entrer: et lors cest estranger propose quelques
questions sur les controverses qui durent sur le fait de la religion. A
quoi le theologien ayant donne prompte solution, l'estranger en mit en
avant de plus difficiles, le theologien lui dit: Tu me donnes beaucoup de
peine: car j'avois le present autre chose a faire et la dessus se levant de
sa chaire montre en un livre l'exposition de certain passage dont ils
debatoyent. En cest estrif il apercoit que l'estranger avoit au lieu de
doigts des pattes et des griffes comme d'oyseau de proye. Lors il commence
a lui dire: Est-ce toi donc? Escoute la sentence prononcee contre toi (lui
monstrant le passage du troisieme chapitre de Genese): La semence de la
femme brisera la teste du serpent. Il adjousta: Tu ne nous engloutiras pas
tous. Le malin esprit tout confus, despite et grondant, disparut avec grand
bruit, laissant si puante odeur dedans le poisle qu'il s'en sentit quelques
jours apres, et versa de l'encre derriere le fourneau."
[Note 1: Jean-George Godelman, docteur en droit a Rostoch, au
traite _De magis, veneficis, lamis, etc._, livre 1, ch. III.]
[Note 2: _Thresor d'histoires admirables et memorables de nostre
temps, recueillies de divers autheurs, memoires et avis de divers
endroits._ Paris, 1600, 2 vol. in-12.]
Le meme auteur fournit encore cette autre histoire a Goulart:
"En la ville de Friberg en Misne, le diable se presente en forme humaine a
un certain malade, lui monstrant un livre et l'exhortant de nombrer les
pechez dont il se souviendroit, pour ce qu'il vouloit les marquer en ce
livre. Du commencement le malade demeura comme muet: mais recouvrant et
reprenant ses esprits, il respond. C'est bien dit, je vay te deschifrer par
ordre mes pechez. Mais escri au dessus en grosses lettres: La semence de la
femme brisera la teste du serpent. Le diable, oyant cette condamnation
sienne s'enfuit, laissant la maison remplie d'une extreme puanteur."
Goulart emprunte celle-ci a Job Fincel[1]:
[Note 1: Job Fincel, au premier livre _Des Miracles_.]
"L'an mil cinq cens trente quatre, M. Laurent Touer, pasteur en certaine
ville de Saxe, voyant quelques jours devant Pasques a conferer avec aucuns
du lieu, selon la coustume, des cas divers et scrupules de conscience,
Satan en forme d'homme lui apparut et le pria de permettre qu'il
communiquast avec lui; sur ce
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