ne se laissa attendrir.
La precedant, il l'introduisit dans le petit salon banal des
appartements meubles qui se trouvait avant sa chambre? En entrant dans
cette piece froide, qui n'etait plus habitee que quelques instants, le
matin, un frisson le secoua de la tete aux pieds; alors, frottant une
allumette, il la mit sous le bois prepare dans la cheminee, puis,
attirant un fauteuil, il s'assit en face de sa visiteuse qui attendait
dans une attitude embarrassee et confuse.
--Madame, je vous ecoute.
Comme elle ne commencait pas, il voulut lui venir en aide: elle etait
fort jolie et la tristesse, l'angoisse de sa physionomie ne pouvaient
pas ne pas inspirer la sympathie.
--Madame? demanda-t-il.
--Madame Paul Combaz.
--La femme du peintre?
--Oui, monsieur.
Cela fut dit avec plus de tristesse que de fierte.
La sympathie un peu vague d'Adeline devint de l'interet: il oublia ses
fatigues et ses emotions de la nuit pour regarder cette jeune femme
qui se tenait devant lui dans une attitude desolee. Non seulement il
connaissait le nom de Paul Combaz comme celui d'un peintre de talent,
tres apprecie dans le monde parisien, mais encore il connaissait l'homme
lui-meme, un des plus fideles habitues du _Grand I_, depuis quelque
temps.
--Pardonnez-moi mon embarras, dit-elle enfin; c'est une situation si
douloureuse que celle d'une femme qui vient se plaindre de son mari...
qu'elle aime, que je ne sais comment m'expliquer... bien que depuis plus
d'un mois j'aie prepare cent fois par jour ce que je dois vous dire.
Adeline fit un signe pour la rassurer.
--Vous connaissez mon mari? demanda-t-elle en le regardant avec crainte.
--J'ai autant de sympathie pour l'homme que d'estime pour l'artiste.
Elle laissa echapper un soupir de soulagement, et ses yeux navres
s'eclairerent d'une flamme de tendresse et de fierte.
--Soyez certain qu'il les merite; c'est le coeur le plus loyal, le
caractere le plus droit: et ce n'est pas a vous que j'ai a dire qu'il
est un grand artiste, ses succes sont la pour l'affirmer; je serais la
plus heureuse et la plus fiere des femmes si... s'il ne jouait pas; et
c'est parce qu'il joue... a votre cercle que je viens vous demander de
nous sauver, mes enfants et moi.
--Mais je n'ai pas le pouvoir d'empecher les gens de jouer! s'ecria-t-il
blesse de cet appel a son intervention, qui semblait le rendre
responsable des pertes au jeu de Paul Combaz; vous vous meprenez
etrangement sur l'au
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