bjets d'art, vos
tentures emportes.
--Qui vous a dit?
--Etait-il possible que je visse un artiste perdre plus de deux cent
mille francs ici, sans m'inquieter de savoir quelles etaient ses
ressources, si c'etait sa fortune ou le pain de ses enfants qu'il
jouait; c'est le pain de ses enfants; je ne le permettrai point. Si
c'est le president qui vous parle, c'est aussi l'ami qui pense a votre
avenir gache, c'est le pere qui pense a vos petites filles, parce
qu'il aime la sienne et que, par sympathie, il s'interesse aux votres.
Allez-vous les sacrifier a votre passion, vous, un artiste qui avez dans
le coeur et dans la tete des emotions plus hautes que celle que peut
donner le jeu?
Combaz etait dans une situation ou la sympathie, meme alors qu'elle
est accompagnee de reproches, touche les plus endurcis, et il n'etait
nullement endurci.
--Et vous croyez, dit-il d'un accent amer, que c'est la passion qui me
fait jouer? Passionne, oui, je l'ai ete: quand j'etais plus jeune, tout
jeune, j'ai passe des nuits au jeu pour le jeu lui-meme et les secousses
qu'il donne; mais ce temps est loin de moi.
--Alors, pourquoi jouez-vous?
Il secoua la tete; puis, apres un assez long intervalle de silence, en
homme qui prend son parti:
--Vous demandez pourquoi je joue, pourquoi je me suis remis a jouer
apres etre reste sept annees sans toucher aux cartes: simplement par
calcul, sans aucune passion, pour que le jeu donne aux miens ce que mon
travail etait insuffisant a leur continuer, notre vie ordinaire, rien
de plus. Je gagnais soixante mille francs environ bon an mal an. J'ai
voulu, quand je n'ai presque plus rien gagne, parce que ma peinture ne
se vendait plus, que la transition d'une vie large a une vie etroite ne
fut pas trop dure, et j'ai demande au jeu d'equilibrer notre budget; il
l'a culbute. Que d'autres, genes comme moi, ont fait comme moi!
--Et comme vous se sont ruines! s'ecria Adeline avec un accent d'une
violence qui surprit Combaz, et ont ruine leur famille. Il manque deux,
trois, dix mille francs, pour se remettre en etat, on les demande au
jeu; et le jeu vous en prend dix mille, cent mille, tout ce qu'on a.
--A moins qu'il ne vous les rende: on ne perd pas toujours.
Cet argument de tous les joueurs ne pouvait pas ne pas toucher Adeline.
Sans doute, dit-il, on a des bonnes et des mauvaises series; mais depuis
trois mois que vous jouez, vous etes dans une mauvaise; ne vous obstinez
point. Peut-etre, si
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