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st foule aux pieds!... Parfois cependant, comme les flammes d'un incendie mal eteint sous ses cendres, se reveillaient en moi toutes les ardeurs de la jeunesse... J'ai eu des heures de delire, de decouragement et de detresse, ou ma solitude me faisait horreur... Mais j'avais la foi qui souleve des montagnes, la foi en moi et en mon oeuvre... Et bientot apaise, je m'endormais dans la pourpre de l'esperance, voyant tout au fond de l'avenir lointain se dresser les arcs de triomphe de mon succes... Telle etait exactement ma situation, quand une apres-midi du mois de fevrier, apres une experience sur laquelle j'avais beaucoup compte, et qui venait d'echouer miserablement, je vins sur cette place respirer quelques bouffees d'air pur. Il faisait une journee de printemps, tiede et toute ensoleillee. Les pierrots pepiaient sur les branches gonflees de seve, des bandes d'enfants couraient le long des allees en poussant des cris joyeux. Je m'etais assis sur un banc, ruminant les causes de ma deconvenue, lorsque deux femmes passerent pres de moi, l'une agee deja, l'autre toute jeune. Elles marchaient si rapidement que c'est a peine si j'avais eu le temps de les entrevoir. Mais la demarche de la jeune fille et la noble simplicite de son maintien m'avaient frappe a ce point que je me levai et que je me mis a la suivre, avec l'intention de la depasser et de revenir ensuite sur mes pas, afin de bien voir son visage. Ainsi je fis, et je fus ebloui. Au moment ou mes yeux rencontrerent les siens, une voix au dedans de moi s'eleva, me criant que c'etait fini desormais, et que ma destinee etait fixee... --Et il m'en souvient, mon cher garcon, fit le vieux soldat, d'un ton d'amicale raillerie, car tu vins me rendre visite le soir meme, toi que je n'avais pas vu depuis des mois. Marius de Tregars ne releva pas l'observation. --Et cependant, continua-t-il, vous savez que je ne suis pas homme a subir une premiere impression. Je luttai. Avec une sombre energie je m'efforcai d'ecarter cette image radieuse que j'emportais en mon ame, qui ne me quittait plus, qui me poursuivait au plus fort de mes etudes. Tentatives inutiles! Ma pensee ne m'obeissait plus, ma volonte m'echappait. C'etait bien un de ces amours qui s'emparent de l'etre entier, qui dominent tout, et qui font de la vie une ineffable felicite ou un supplice sans nom, selon qu'ils sont heureux ou malheureux. Ah! que de journees alors j'ai passees, a attendre et a epi
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