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-- Je les paierai trois mille pistoles la piece, il me les faut apres-demain. -- Milord les aura. -- Vous etes un homme precieux, monsieur O'Reilly, mais ce n'est pas le tout: ces ferrets ne peuvent etre confies a personne, il faut qu'ils soient faits dans ce palais. -- Impossible, Milord, il n'y a que moi qui puisse les executer pour qu'on ne voie pas la difference entre les nouveaux et les anciens. -- Aussi, mon cher monsieur O'Reilly, vous etes mon prisonnier, et vous voudriez sortir a cette heure de mon palais que vous ne le pourriez pas; prenez-en donc votre parti. Nommez-moi ceux de vos garcons dont vous aurez besoin, et designez-moi les ustensiles qu'ils doivent apporter." L'orfevre connaissait le duc, il savait que toute observation etait inutile, il en prit donc a l'instant meme son parti. "Il me sera permis de prevenir ma femme? demanda-t-il. -- Oh! il vous sera meme permis de la voir, mon cher monsieur O'Reilly: votre captivite sera douce, soyez tranquille; et comme tout derangement vaut un dedommagement, voici, en dehors du prix des deux ferrets, un bon de mille pistoles pour vous faire oublier l'ennui que je vous cause." D'Artagnan ne revenait pas de la surprise que lui causait ce ministre, qui remuait a pleines mains les hommes et les millions. Quant a l'orfevre, il ecrivit a sa femme en lui envoyant le bon de mille pistoles, et en la chargeant de lui retourner en echange son plus habile apprenti, un assortiment de diamants dont il lui donnait le poids et le titre, et une liste des outils qui lui etaient necessaires. Buckingham conduisit l'orfevre dans la chambre qui lui etait destinee, et qui, au bout d'une demi-heure, fut transformee en atelier. Puis il mit une sentinelle a chaque porte, avec defense de laisser entrer qui que ce fut, a l'exception de son valet de chambre Patrice. Il est inutile d'ajouter qu'il etait absolument defendu a l'orfevre O'Reilly et a son aide de sortir sous quelque pretexte que ce fut. Ce point regle, le duc revint a d'Artagnan. "Maintenant, mon jeune ami, dit-il, l'Angleterre est a nous deux; que voulez-vous, que desirez-vous? -- Un lit, repondit d'Artagnan; c'est, pour le moment, je l'avoue, la chose dont j'ai le plus besoin." Buckingham donna a d'Artagnan une chambre qui touchait a la sienne. Il voulait garder le jeune homme sous sa main, non pas qu'il se defiat de lui, mais pour avoir quelqu'un a qui parler constamment de la reine. Une
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