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que ton gout, si exquis en toutes choses, aurait lui-meme avoue.
En tete de ce volume je placerai cette lettre, ou nous n'avons pu que
bien imparfaitement exprimer notre profond et tendre amour.
A toi, notre fils, notre frere, notre compagnon, notre ami, a toi
toujours et a notre reunion future.
H.C. et L.J.
Paris, 3 aout 1866.
CONTES ET POESIES
A MADAME GEORGE SAND
_Vous savez, Madame, vous qui voulez bien m'appeler votre petit-fils,
avec quel affectueux respect j'ose invoquer ici l'amitie que vous me
parlez depuis mon enfance pour mettre sous votre protection ce petit
livre.
Je vous le dedie parce que votre genie m'est sympathique et parce que
votre bonte m'enhardit et m'attire, en un mot parce que je vous aime.
Comme c'est la premiere fois de ma vie que j'ecris une dedicace, on
m'excusera d'y avoir mis plus de coeur que d'esprit.
Voila donc pourquoi je vous dedie mes essais, et non par orgueil; j'en
pourrais cependant sentir un bien naturel de mettre ces vers a l'abri
d'un tel nom et sous la sauvegarde d'une amitie qui m'est si chere.
C'est pourtant un peu par egoisme, c'est-a-dire pour me faire bien
venir de mes lecteurs et de mes lectrices, que je prends la precaution
superflue de me justifier aupres de vous. En sachant que vous m'aimez,
eux qui vous aiment tant, ils m'aimeront peut-etre un peu aussi, et,
vous le savez la sympathie est relative: lorsqu'elle s'adresse a vous,
c'est de l'admiration; en s'adressant a moi, ce sera de l'indulgence.
J'en ai si grand besoin!_
PROSPER JOURDAN.
ROSINE ET ROSETTE
I
Ce chant etait fort long. Il n'a plus qu'une page;
C'est fait. N'y pensons plus. Mais c'est vraiment dommage.
Maintenant n'allez pas, lecteur, le regretter;
Il parait qu'il etait ennuyeux a crier.
On a donc tres-bien fait de l'oter; c'est plus sage.
Mais a ce compte-la, ce n'est pas le premier
Qu'il fallait supprimer, c'etaient les douze ensemble,
Car ils se valent tous a peu pres. Il me semble
Qu'on pourrait comparer ce chapitre defunt,
Sans trop lui faire tort, a la mort de quelqu'un;
Ceux qui restent, ma foi! sont bien les plus a plaindre;
C'est d'eux evidemment qu'il faut avoir pitie.
Ces pauvres survivants! c'est pour eux qu'il faut craindre.
Leur tendrez-vous la main? Leur avenir entier
Depend de vous, Madame, et de votre amitie.
Soyez-leur indulgente et dites-vous sans cesse,
Quand vous lirez ces vers, enf
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