orte a de cruels instants.
Triste recit, pourquoi faut-il que je t'acheve?
Pour mes vers desormais il n'est plus de printemps;
Ni les parfums du soir, ni les bruits de la greve
Ne se meleront plus a mes tristes accents.
Jeunes, libres tous deux, souriant a la vie,
Rosette et son amant s'aimaient a la folie,
Et tenaient leurs amours pour uniques soucis,
S'inquietant fort peu du reste; et l'habitude
Qu'avait prise Stello, des qu'il fut a Paris,
De n'amener chez lui pas un de ses amis,
Fit que rien ne troublait leur chere solitude.
Ils vivaient donc heureux autant qu'il est permis.
Mais combien ce bonheur fut de courte duree!
Comme ils etaient comptes ces beaux jours! Destinee!
Destinee impassible! Oh! sombre lendemain
Que suspendait sur eux ton immuable main!
N'as-tu donc dans le coeur de pitie ni de honte
Qui te puisse emouvoir? Et n'est-il ici-bas
Nul qui puisse esperer, en te tendant les bras,
Que sa priere, au moins, te peut rendre moins prompte?
Or quoi qu'il l'eut voulu, Stello ne pouvait pas
Fuir le monde, et partant, y faisait bonne mine,
Engage qu'il etait par son ancien eclat.
Le bruit de son retour fut, comme on l'imagine,
Un grand evenement dont tout Paris parla.
On medit bien un peu, mon lecteur le devine,
Cependant tout etait pour le mieux jusque-la.
Mais helas! quel bonheur jamais ne s'envola?
Insenses qu'ils etaient!--Ah! fremissez, madame!
Fremissez, car ce conte, ici, se change en drame.
Ma plume, en ce moment, hesite a retracer
Le simple et froid recit d'aussi penibles choses.
Helas! o ma lectrice, otez vos habits roses!
O ma lectrice, helas! vos beaux yeux vont pleurer.
Les amis de Stello, qui voyaient la comtesse,
N'avaient garde,--on s'en doute un peu,--de lui cacher
Ni comment il vivait, ni combien sa maitresse
Lui ressemblait. C'etait, dit-on, a s'y tromper
Jusques a les confondre et dire: _Les deux Roses._
A force d'en parler on fit tant et si bien
Que le hasard, habile en ces sortes de choses,
Les fit se rencontrer au Theatre Italien.
O Sphinx! entre les sphinx, impossible a comprendre!
En retrouvant celui qu'elle avait desole,
Assis en face d'elle aupres d'une autre femme,
En le voyant heureux, et le sachant aime,
Rosine, dans son coeur, sentit comme une lame
Dont le contact mortel, en dechirant son ame,
Lui fit comprendre alors que _lui_ s'etait venge.
Et celle dont la bouc
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