e ne sont pas la tes affaires; je suis les ordres de Madame.
DUBOIS.
Madame est bonne et sage; mais prenez garde: ne trouvez-vous pas que ce
petit galant-la fait les yeux doux?
MARTON.
Il les fait comme il les a.[71]
DUBOIS.
Je me trompe fort si je n'ai pas vu la mine de ce freluquet considerer, je
ne sais ou, celle de Madame.
MARTON.
Eh bien! est-ce qu'on te fache quand on la trouve belle?
DUBOIS.
Non. Mais je me figure quelquefois qu'il n'est venu ici que pour la voir
de plus pres.
MARTON, _riant_.
Ah! ah! quelle idee! Va, tu n'y entends rien; tu t'y connois mal.
DUBOIS, _riant_.
Ah! ah! je suis donc bien sot.
MARTON, _riant en s'en allant_.
Ah! ah! l'original avec ses observations!
DUBOIS, _seul_.
Allez, allez, prenez toujours.[72] J'aurai soin de vous les faire trouver
meilleures. Allons faire jouer toutes nos batteries.
ACTE II
SCENE PREMIERE.
ARAMINTE, DORANTE.
DORANTE.
Non, Madame, vous ne risquez rien; vous pouvez plaider en toute surete.
J'ai meme consulte plusieurs personnes, l'affaire est excellente; et, si
vous n'avez que le[73] motif dont vous parlez pour epouser monsieur le
Comte, rien ne vous oblige a ce mariage.
ARAMINTE.
Je l'affligerai beaucoup, et j'ai de la peine a m'y resoudre.
DORANTE.
Il ne seroit pas juste de vous sacrifier a la crainte de l'affliger.
ARAMINTE.
Mais avez-vous bien examine? Vous me disiez tantot que mon etat etoit doux
et tranquille; n'aimeriez-vous pas mieux que j'y restasse? N'etes-vous pas
un peu trop prevenu contre le mariage, et par consequent contre monsieur
le Comte?
DORANTE.
Madame, j'aime mieux vos interets que les siens, et que ceux de qui que ce
soit au monde.
ARAMINTE.
Je ne saurois y trouver a redire; en tout cas, si je l'epouse, et qu'il
veuille en mettre un autre ici a votre place, vous n'y perdrez point; je
vous promets de vous en trouver une meilleure.
DORANTE, _tristement_.
Non, Madame, si j'ai le malheur de perdre celle-ci, je ne serai plus a
personne; et apparemment[74] que je la perdrai, je m'y attends.
ARAMINTE.
Je crois pourtant que je plaiderai; nous verrons.
DORANTE.
J'avois encore une petite chose a vous dire, Madame. Je viens d'apprendre
que le concierge d'un de vos terres est mort; on pourrait y mettre un de
vos gens, et j'ai songe a Dubois, que je remplacerai ici par un domestique
dont je reponds.
ARAMINTE.
Non, envoyez plutot votre homme au chate
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