n suivante: "Etes-vous vivant ou mort?" suggere aussi, probablement,
l'idee d'une personne morte, mais vivant encore sous forme d'esprit. Il
eut ete curieux d'employer d'autres interrogations; au lieu de dire: "Qui
etes-vous?" on aurait pu dire: "Ecrivez votre nom". Si le nom ecrit avait
ete, meme dans ce cas, Bart Laton, on aurait pu exprimer de la surprise que
ce nom ne fut pas celui de Henry W. et on aurait ainsi evite toute allusion
meme eloignee a l'hypothese de l'esprit. Ces reflexions sont de Patrick,
et elles nous paraissent tres judicieuses. Nous pensons que comme Henry W.
avait lu des livres sur le spiritisme, il devait probablement connaitre la
theorie des esprits s'incarnant, et il est probable que ce sont ces notions
anterieurement acquises qui pour une bonne part ont opere la suggestion de
l'existence de Laton.
Ce qu'il y a d'essentiel dans les observations et experiences de ce genre,
c'est le fait meme de la division de conscience; le reste est une affaire
d'orientation des idees, et varie avec les croyances des individus, avec
les recits qu'ils entendent faire, avec les opinions courantes; dans nos
societes modernes, la division de conscience conduira a la desincarnation
ou a la reincarnation de l'esprit des morts; dans les couvents du moyen
age, ce seront les demons qui viendront agiter les corps des malheureuses
religieuses; ailleurs encore--et c'est la un des faits les plus surprenants
qu'on puisse imaginer--cette division de conscience devient un instrument
de travail pour une oeuvre litteraire: c'est un phenomene naturel que
l'auteur cultive et dirige.
Le cas de Patrick est un peu passif; son sujet ne se livre a l'ecriture
automatique que dans les seances dont nous venons de transcrire le recit;
en dehors de ces seances le personnage secondaire ne parait pas, il n'agit
pas, il fait le mort. Aussi ne peut-on pas, avec ce seul exemple, se faire
une idee juste du role que le personnage secondaire peut remplir. Je crois
utile de reproduire ici une observation que Flournoy vient de publier tout
recemment; elle complete la precedente[23].
[Note 23: _Revue philosophique_, fevrier 1899.]
"M. Michel Til, quarante-huit ans. Professeur de comptabilite dans divers
etablissements d'instruction. Temperament sanguin, excellente sante.
Caractere expansif et plein de bonhomie. Il y a quelques mois, sous
l'influence d'amis spirites, il s'essaye a l'ecriture automatique, un
vendredi et obtient des spirales, des
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