, est-ce que ton fils quitte le bureau de
M. X...? Je viens en effet d'apprendre qu'il cherche un employe." (Il
cherchait en realite un surnumeraire.)
M. Til, qui n'en savait rien, en demeura perplexe et se demanda si M. X...
serait mecontent de son fils et songerait a le remplacer. En rentrant a
midi chez lui, il raconta la chose a sa femme, mais sans en parler a son
fils. C'est une heure plus tard qu'arriva le message calomniateur.
"Au total, la serie de ses messages ne fait qu'exprimer--avec la mise en
scene et l'exageration dramatique que prennent les choses dans les cas ou
l'imagination peut se donner libre carriere (reves, idees fixes, delires,
etats hypnoides de tout genre)--la succession parfaitement naturelle et
normale des sentiments et tendances qui devaient agiter M. Til en cette
occasion. Les vagues insinuations, puis l'accusation categorique de vol, et
l'ordre d'aller voir le patron, correspondent aux soupcons d'abord indecis,
puis prenant corps sur un souvenir concret, et aboutissant a la necessite
de tirer la chose au clair. L'entetement avec lequel l'automatisme
graphique repondait, par une accusation de duplicite, aux bons temoignages
du chef du bureau, trahit clairement cette arriere-pensee de defiance
et d'incredulite qui nous empeche de nous abandonner sans reserve aux
nouvelles les plus rassurantes, tant qu'elles ne sont point absolument
confirmees. Enfin, quand le patron en personne a calme M. Til, le regret
subconscient d'avoir cede a ses inquietudes sans fondement serieux, trouve
son expression dans les excuses de l'esprit farceur; le _je t'ai trompe,
pardonne-moi_, de ce dernier, est bien l'equivalent, dans le dedoublement
mediumnique, de ce que nous penserions tous en pareille circonstance: "Je
me suis trompe et je ne me pardonne pas d'avoir ete aussi soupconneux."
On se demandera peut-etre comment il est possible de trouver chez un
individu normal des signes de cette divisibilite de conscience. Cette
recherche interesse peu les spirites et la generalite des hypnotiseurs, qui
se contentent d'etudier les cas brillants et complets. Je crois bien etre
le premier qui ait fait une etude suivie de cette question[24], et j'ai
ete fort aise de voir que mes premieres etudes, qui datent d'une dizaine
d'annees, ont ete reprises, controlees dans des laboratoires americains
par Solomons et Stein, qui du reste ont neglige de me citer. Il est bien
certain que si on se contente de mettre un crayon dans la
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