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leurs gestes et leur attitude. Encore tous les sujets ne sont-ils pas aussi
demonstratifs les uns que les autres; quelques-uns restent completement
fermes. Voici, a titre d'hypothese, ce que je suppose qui se passe, surtout
lorsque l'eleve doit repondre au 3e questionnaire.
Le premier moment qui suit la lecture de la question est un moment de
scepticisme; on entend beaucoup d'eleves murmurer: "Mais je ne sais pas!
Je n'ai pas remarque! etc.," et faire des gestes d'ennui ou de denegation;
quelques-uns ont une pantomime assez expressive, hochent la tete, plissent
le front, font la moue avec leur bouche; quelques-uns meme traduisent cet
etat de scepticisme par une reponse ecrite, ils ecrivent: "non", mais ils
effaceront ensuite ce mot; parfois on leur entend dire des phrases, comme
celle-ci: "Il n'avait pas de chapeau." Chez certains enfants, cet etat de
resistance initiale persiste indefiniment; ils restent immobiles devant la
question, ne peuvent se decider a ecrire quoi que ce soit; cela peut durer
un quart d'heure et davantage; pour en finir, il faut que l'experimentateur
intervienne, les presse de questions, brise leur mutisme, leur fasse avouer
qu'ils ne savent pas, et les decide a ecrire cet aveu d'ignorance.
La seconde phase que je distingue, tres schematiquement bien entendu, est
une phase de demi-obeissance a la suggestion. Le sujet s'est decide a
ecrire, il commence a rediger sa reponse, mais il s'arrete en route, au mot
decisif. Pour la premiere question, par exemple, il ecrit le mot: "couleur
du fil", mais il ne complete pas sa reponse par un nom de couleur;
en somme, il a deja _implicitement_ cede a la premiere partie de la
suggestion, en admettant que le bouton est cousu au carton; il lui reste a
inventer la couleur du fil. Meme hesitation pour le dessin. Je vois encore
un eleve qui apres avoir trace le contour du sou, reste une minute entiere
devant son dessin, la plume effleurant le papier, se promenant dans toutes
les parties du disque, jusqu'a ce que le sujet se decide a marquer un point
tres leger, pour indiquer la place du trou (imaginaire) qui perce le sou.
Enfin une troisieme phase est celle de l'execution de la suggestion. Je
n'ai rien a en dire, sinon que l'eleve montre souvent, au moment ou il
ecrit, une vive rougeur, comme s'il avait un sentiment de honte. C'est
un sentiment que je n'ai jamais reussi a faire avouer a mes sujets: la
question est du reste un peu delicate.
Voila dans quel
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