es pelotons de travail qui se relayeraient de
cinq minutes en cinq minutes. Puis il commanda:
--Pompez.
[15]Et le volant de fer ayant ete mis en branle, un petit
bruit glissa le long des tuyaux et tomba bientot dans la
cave, de marche en marche, avec un murmure de cascade,
un murmure de rocher a poissons rouges.
On attendit.
[20]Une heure s'ecoula, puis deux, puis trois.
Le commandant fievreux se promenait dans la cuisine,
collant son oreille a terre de temps en temps, cherchant a
deviner ce que faisait l'ennemi, se demandant s'il allait
bientot capituler.
[25]Il s'agitait maintenant, l'ennemi. On l'entendait remuer
les barriques, parler, clapoter.
Puis, vers huit heures du matin, une voix sortit du
soupirail:
--Che foule parle a monsieur l'officier francais.
[30]Lavigne repondit, de la fenetre, sans avancer trop la
tete:
--Vous rendez-vous?
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--Che me rends.
--Alors passez les fusils dehors.
Et on vit aussitot une arme sortir du trou et tomber
dans la neige, puis deux, trois, toutes les armes. Et la
[5]meme voix declara:
--Che n'ai blus. Tepechez-fous. Che suis noye.
Le commandant commanda:
--Cessez.
Le volant de la pompe retomba immobile.
[10]Et, ayant empli la cuisine de soldats qui attendaient,
l'arme au pied, il souleva lentement la trappe de chene.
Quatre tetes apparurent trempees, quatre tetes blondes
aux longs cheveux pales, et on vit sortir, l'un apres l'autre,
les six Allemands grelottants, ruisselants, effares.
[15]Ils furent saisis et garrottes. Puis, comme on craignait
une surprise, on repartit tout de suite, en deux convois,
l'un conduisant les prisonniers et l'autre conduisant
Maloison sur un matelas pose sur des perches.
Ils rentrerent triomphalement dans Rethel.
[20]M. Lavigne fut decore pour avoir capture une avant-garde
prussienne, et le gros boulanger eut la medaille
militaire pour blessure recue devant l'ennemi.
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LE BAPTEME
A Guillemet
Devant la porte de la ferme, les hommes endimanches
attendaient. Le soleil de mai versait sa claire lumiere sur
les pommiers epanouis, ronds comme d'immenses bouquets
blancs, roses et parfumes, et qui mettaient sur la cour
[5]entiere un toit de fleurs. Ils semaient sans cesse autour
d'eux une neige de petales menus, qui voltigeaient et
tournoyaient en tombant dans l'herbe haute, ou les pissenlits
brillaient comme des flammes, ou les coquelicots
semblaient des gouttes de sang.
[10]U
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