p de courses et de travail, voila le seul cote
penible de l'etat que j'ai embrasse. Quand les premiers obstacles
seront franchis, je me reposerai.
LIX
A M. DUTEIL. AVOCAT, A LA CHATRE
Paris, 15 fevrier 1831.
Mon cher ami,
Si je ne vous ai pas repondu plus tot, c'est que la patrie etait
menacee et que j'etais occupee a la defendre. Maintenant que je l'ai
sauvee, je reviens a mes amis, je rentre dans la vie privee et je me
repose sur ma gloire.
Vous savez, peut-etre, que nous venons de traverser une petite
revolution, toute petite a la verite, une revolution de poche, une
miniature de revolution, mais fort gentille dans ce qu'elle est. Je
dis _peut-etre_, parce que, pendant qu'on se battait a coups de
missel, dans les rues de Paris, il est possible que, occupe a chanter,
a boire, a rire, a dormir, vous n'ayez pas lu une colonne de journal
et que vous sachiez tout au plus que la France a encore manque de
perir; ce qui fut infailliblement arrive, sans la conduite impartiale
et l'attitude ferme que j'ai montrees en cette circonstance difficile.
J'ai fait l'impossible aupres de M. Duris-Dufresne; j'ai fait tout ce
qu'il fallait pour me faire mettre a la porte par tout autre que lui,
l'obligeance et la douceur meme. M. Duris-Dufresne s'est remue tant
qu'il a pu pour M. M*** et pour une autre personne encore que je lui
recommandais et qui m'interessait non moins vivement. Tout ce qu'il a
obtenu, ce sont des promesses, ce qu'on appelle des _esperances_, mot
qui m'a bien l'air d'etre fait pour les dupes. Je n'ai pas besoin de
vous dire que je n'ai pas neglige une occasion de rechauffer son zele.
Mais je veux vous dire que vous vous tromperiez et seriez fort injuste
de croire que M. Duris-Dufresne y eut mis de la mauvaise grace!
Il faut bien voir ou il en est. En examinant la marche des choses,
vous vous expliquerez la facilite avec laquelle il a fait obtenir des
places a ses amis et la difficulte qu'il rencontre aujourd'hui pour
solliciter de simples emplois. Au commencement de ce nouveau
gouvernement, le parti Lafayette (c'est-a-dire MM. de Tracy, Eusebe
Salverte, de Podenas, Duris-Dufresne, etc.) etait au mieux avec le
pouvoir. Ces messieurs venaient de faire un roi, et ce roi n'avait
rien a leur refuser. C'etait juste. Cependant, comme ces gens-la
n'etaient pas des polissons, apres avoir ete dupes des promesses de
l'hotel de ville, ils n'ont pas rampe devant le sire. Ils
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