r moi, ainsi que ton oncle et ta tante. Dis
a ton oncle qu'en descendant son escalier un peu trop fort, j'ai fait
ecrouler douze marches. Embrasse bien fort ta soeur de la part de sa
maman; parle-t-elle un peu de moi? Et Leontine se porte-t-elle bien?
Enfin donne-moi des nouvelles de tout le monde, et dis bien des choses
de ma part a Eugenie, a Francoise, etc.
Adieu, mon cher amour; ecris-moi donc et surtout porte-toi bien, sois
sage, et aime toujours ta mere, qui t'embrasse mille et mille fois.
[1] Artiste peintre qui avait fait les miniatures de George Sand et
de son fils, l'annee precedente.
LIV
A JULES BOUCOIRAN, A CHATEAUROUX
Mercredi. Paris, 13 janvier 1831
Mon cher ami,
Je suis enfin libre; mais je suis loin de mes enfants. Quand vous
serez pres d'eux, je serai moins triste de leur absence; je veux dire
que l'inquietude ne se joindra pas a ma tristesse. Merci, mon cher
enfant, merci! Que Dieu rende a votre mere tout le bien que vous ferez
a mon fils. Parlez de moi souvent, qu'il ne desapprenne point a
m'aimer. J'ai dit, en partant, qu'on vous donnat la chambre que vous
desirez. Si on l'avait oublie, faites-vous-la donner en arrivant. Je
ne vous parle pas de la conduite a tenir avec mon mari, pour conserver
la bonne intelligence necessaire. Vous savez maintenant qu'il faut se
garder de prendre mon parti, sous peine d'etre hai; qu'il faut laisser
soutenir les paradoxes les plus injustes et les plus absurdes, sans
donner signe de blame, etc. Je sais, de mon cote, qu'on ne se conduira
peut-etre pas toujours a votre egard avec l'amitie que vous meritez.
Les coeurs sont secs et ne s'ouvriront pas pour vous.
Il est necessaire que vous ayez une grande autorite sur Maurice; mais
il ne faut pas que vous ayez l'air de la disputer a son pere.
Affectez, au contraire, d'adherer a tout ce qu'il vous dira, et faites
au fond comme vous jugerez bon. Il n'a pas de constance dans les
idees, il ne s'inquietera pas de l'effet de ses avis. Ensuite prenez
garde a vos lettres et aux miennes. Mettez-y toute votre prudence
naturelle. Je vous prie de m'ecrire au moins une fois par semaine et
de m'avertir si Maurice etait serieusement malade. Eux n'y
manqueraient pas, je le sais bien; mais ils ne feraient pas faute
d'exagerer son mal, soit pour me faire revenir plus vite, soit pour me
faire de la peine. En verite, ils m'en ont assez fait, souvent pour le
seul plaisir qu'ils y trou
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