nt prit position en avant de Bedfort dans
une forte situation. Il y avait en outre, comme poste avance, un corps
de cent soixante cavaliers americains de la legion de Sheldon que
le general Washington avait envoyes pour cooperer avec la legion de
Lauzun a une expedition contre les Anglais.
XIV
Le general americain avait ouvert la campagne le 26 juin. Combinant
ses mouvements avec ceux de l'armee francaise, il quitta, a cette
date, son quartier d'hiver de New Windsor et se porta sur Peakskill,
ou il devait operer sa jonction avec M. de Rochambeau. Il apprit alors
que le general Clinton avait divise son armee en plusieurs corps et
qu'il la dispersait autour de New-York. Il y avait en particulier
un corps anglais qui s'etait porte sur Westchester. La veille de
l'arrivee des troupes francaises a Bedfort, un parti de dragons
anglais de ce corps avait brule quelques maisons en avant de ce
village. Le general Washington resolut de le faire attaquer; il forma
en consequence une avant-garde de douze cents hommes aux ordres du
general Lincoln, et il envoya a M. de Rochambeau le courrier que
celui-ci avait recu le 30 juin et qui avait fait hater le depart des
troupes de Newtown pour Bedfort et de Bedfort pour Northcastle, ou
elles devaient etre pretes a marcher au premier ordre. La derniere
etape n'etait que de cinq milles; mais la seconde brigade vint sans
s'arreter de Newtown a Northcastle et fit ainsi, dans la journee du 3
juillet, une marche de vingt milles. Les regiments de Soissonnais et
de Saintonge n'avaient donc pas eu un seul jour de repos depuis leur
depart de Providence. Il est vrai que MM. de Custine et le vicomte de
Noailles precherent d'exemple en marchant a pied a la tete de leur
regiment.
Le duc de Lauzun raconte comme il suit la tentative qu'il fit, de
concert avec le general Lincoln, pour surprendre le corps anglais qui
etait le plus voisin[171].
[Note 171: Ce recit m'a paru le plus veridique et le plus propre a
concilier entre elles les diverses relations que l'on a donnees de
cette attaque d'avant-garde.]
"Le 30 juin, apres avoir recu la lettre du general Washington, qui
n'entrait dans aucun detail, M. de Rochambeau m'envoya chercher au
milieu de la nuit, a quinze milles de Newtown, ou il se trouvait[172].
Je me trouvai exactement au lieu prescrit, quoique l'excessive chaleur
et de tres-mauvais chemins rendissent cette marche tres-difficile. Le
general Washington s'y trouva fort en avant des
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