omme avait fait
Philippe-Auguste -- un matin, disons-nous, Louis VIII se presenta
aux portes d'Avignon, demandant a y entrer, la lance en arret, le
casque en tete, les bannieres deployees et les trompettes de
guerre sonnant.
Les bourgeois refuserent; ils offrirent au roi de France, comme
derniere concession, l'entree pacifique, tete nue, lance haute, et
banniere royale seule deployee. Le roi commenca le blocus; ce
blocus dura trois mois, pendant lesquels, dit le chroniqueur, les
bourgeois d'Avignon rendirent aux soldats francais fleches pour
fleches, blessures pour blessures, mort pour mort.
La ville capitula enfin. Louis VIII conduisait dans son armee le
cardinal-legat romain de Saint-Ange; ce fut lui qui dicta les
conditions, veritables conditions de pretre, dures et absolues.
Les Avignonnais furent condamnes a demolir leurs remparts, a
combler leurs fosses, a abattre trois cents tours, a livrer leurs
navires, a bruler leurs engins et leurs machines de guerre. Ils
durent, en outre, payer une contribution enorme, abjurer l'heresie
vaudoise, entretenir en Palestine trente hommes d'armes
parfaitement armes et equipes pour y concourir a la delivrance du
tombeau du Christ. Enfin, pour veiller a l'accomplissement de ces
conditions, dont la bulle existe encore dans les archives de la
ville, il fut fonde une confrerie de penitents qui, traversant
plus des six siecles, s'est perpetuee jusqu'a nos jours.
En opposition avec ces penitents, qu'on appelait les penitents
blancs, se fonda l'ordre des penitents noirs, tout impregnes de
l'esprit d'opposition de Raymond de Toulouse.
A partir de ce jour, les haines religieuses devinrent des haines
politiques.
Ce n'etait point assez pour Avignon d'etre la terre de l'heresie,
il fallait qu'elle devint le theatre du schisme.
Qu'on nous permette, a propos de la Rome francaise, une courte
digression historique; a la rigueur, elle ne serait point
necessaire au sujet que nous traitons, et peut-etre ferions-nous
mieux d'entrer de plein bond dans le drame; mais nous esperons
qu'on nous la pardonnera. Nous ecrivons surtout pour ceux qui,
dans un roman, aiment a rencontrer parfois autre chose que du
roman.
En 1285, Philippe le Bel monta sur le trone.
C'est une grande date historique que cette date de 1285. La
papaute, qui, dans la personne de Gregoire VII, a tenu tete a
l'empereur d'Allemagne; la papaute, qui, vaincue materiellement
par Henri IV, l'a vaincu moralement; la papau
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