...
Mais Maud l'embrassa joyeusement.
-- Mademoiselle !... Vous !... Veux-tu bien rentrer ces vilains mots-la, Tiennette, et me parler comme a la pension !
Etiennette, les joues animees par une reaction de contentement, rendit les baisers.
-- Oh ! c'est gentil, fit-elle, de te rappeler... Moi qui hesitais a venir... J'avais peur d'etre mal recue, figure-toi !
-- Et pourquoi cela, grand Dieu ? repondit Maud, faisant asseoir son ancienne amie et s'asseyant elle-meme.
-- Parce que... Mon Dieu !... Le couvent, c'est un vieux souvenir... Plus de quatre ans ! cela suffit a bien des gens pour oublier. Et puis, ajouta-t-elle en baissant la voix, je supposais que, connaissant maintenant ma situation...
Maud sourit:
-- Crois-tu que je ne la connaissais pas au couvent, "ta situation", comme tu dis ?
-- Comment, tu savais ?... On t'avait dit ?... Qui ca ?
-- Mais... les Le Tessier... L'aine, Paul, celui qui est senateur depuis l'an passe, etait lie avec ce depute de l'Aude, avec monsieur... comment donc ?
-- M. Asquin ? demande Etiennette.
Et, sur un signe affirmatif de Maud, elle ajouta, en rougissant un peu, mais sans affecter l'embarras:
-- C'etait mon pere. Nous l'avons perdu, il y a deux ans.
-- Ah ! c'etait ton pere ? Cela, je l'ignorais. Je savais seulement qu'il... allait chez ta mere, avec les deux Le Tessier et M. de Suberceaux.
-- M. de Suberceaux etait le secretaire de papa... Il...
Elle s'arreta court, ressaisie par sa timidite de tout a l'heure. Maud de Rouvre lui prit la main:
-- Voyons, Tiennette, aie donc confiance. Je te dis que je suis au courant de tout... oui, de tout... Je sais aussi l'histoire de Julien avec ta soeur Suzanne.
-- Oh ! je pense bien, repliqua Etiennette en s'essuyant les yeux, cela, tout Paris l'a su... Ma soeur est une telle folle ! Elle s'est affichee avec Suberceaux, comme elle s'affiche avec tant d'autres depuis... C'est egal, fit-elle apres un temps, Julien n'a pas bien agi avec nous. Mon pere l'aimait beaucoup, maman le recevait comme notre frere. Il aurait du laisser Suzon tranquille. Et depuis sa rupture avec elle, croirais-tu qu'il n'est meme pas revenu a la maison ? Il sait pourtant que maman est malade, et elle etait si bonne pour lui ! Enfin, moi, je ne l'aime pas.
Mlle de Rouvre repondit serieusement:
-- N'en dis pas de mal, Tiennette. Julien est de nos amis.
D'un de ces gestes mutins et calins qui la faisaient si captivante, Etiennette jeta ses bras autou
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