siennes, qui sont ce qu'il y
a de plus adorable dans le monde en fait de lettres. Le chatiment ne
serait pas proportionne a l'offense. Et puis disons encore que
la princesse m'a vue secouer ma paresse au temps ou je la voyais
spleenetique, et ou je croyais (c'etait elle qui, par ses gracieusetes,
me donnait cette presomption) que mon babil pouvait la distraire, la
consoler et la fortifier. Pour cela, il ne me fallait ni grande sagesse
ni bel exemple, car je n'aurais su ou prendre l'un et l'autre: il
suffisait de lui dire ce qu'elle etait, de la faire connaitre a
elle-meme, de lui montrer tous les tresors qu'elle renfermait en elle et
qu'elle niait en elle-meme. Dans ce temps-la, je lui ecrivais que je
ne me sentirais plus appelee a lui ecrire desormais; car il me semble
qu'elle est calme, heureuse et forte. Pour parler comme mon ami Pierre
Leroux, je dirai: _Ma mission est remplie_. Elle revendrait de la
philosophie et du courage, voire de la gaiete, au sublime docteur
Piffoel lui-meme.
Merci donc, mille fois merci, mes chers et bons enfants, des bonnes
choses que vous me dites de vous-memes. Je vous remercie de vous aimer
comme vous le faites. Je vous remercie d'etre heureux, et je vous
remercie de me le dire. Vous savez que, de tous les biens que vous me
souhaitez sans cesse, celui-la est le plus grand que vous puissiez me
faire.--Il est bien possible que j'aille vous rejoindre quelque jour
en Italie. Cependant ce voyage, que j'avais arrange pour le printemps
prochain, me parait moins certain maintenant quant a la date. Mon proces
avec mes editeurs, que je voudrais terminer auparavant, est porte au
role pour le mois de juillet ou d'aout. Si je suis forcee de m'en
occuper, je ne pourrai passer les monts qu'en automne. Une fois en
Italie, j'y veux rester au moins deux ans pour les etudes de Maurice,
qui s'adonne definitivement a la peinture et qui aura besoin de
sejourner a Rome.
En attendant, il travaille ici avec le frere de Mercier[1], qui est
un assez laborieux maitre de dessin et ne manquant pas de talent.
Mallefille, qui a la bonte de donner des lecons d'histoire et de
philosophie au susdit mioche, se tire tres bien de son preceptorat
provisoire. Maurice s'est assez fortifie. Il a un petit cheval tres
comique et fait des _lancers_ epouvantables avec Mallefille, qui est
devenu un assez bon ecuyer, domptant _Bignat_, lequel _Bignat_ je ne
monte plus, parce qu'il est devenu terrible. Il a double de volume,
de f
|