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Ce baiser ironique fut pour elle comme un coup de poignard. Une larme roula sur sa joue. "Miserable! pensa Ezzelin en voyant l'insolence d'Orio avec elle. Lache, qui recule devant un homme, et qui se plait a briser une femme!" Il etait tellement penetre d'indignation qu'il ne put s'empecher de le faire paraitre. Les convenances lui prescrivaient de ne point intervenir dans ces discussions conjugales; mais sa figure exprima si vivement ce qui se passait en lui que Soranzo fut force d'y faire attention. "Seigneur comte, lui dit-il, s'efforcant de montrer du sang-froid et de la hauteur, vous seriez-vous adonne a la peinture depuis quelque temps? Vous me contemplez comme si vous aviez envie de faire mon portrait. --Si votre seigneurie m'autorise a lui dire pourquoi je la regarde ainsi, repondit vivement le comte, je le ferai. --Ma seigneurie, dit Orio d'un ton railleur, supplie humblement la votre de le faire. --Eh bien! messer, reprit Ezzelin, je vous avouerai qu'en effet je me suis adonne quelque peu a la peinture, et qu'en ce moment je suis frappe d'une ressemblance prodigieuse entre votre seigneurie.... --Et quelqu'une des fresques de cette salle? interrompit Orio. --Non, messer: avec le chef des pirates a qui j'ai eu affaire ce matin, avec l'Uscoque, puisqu'il faut l'appeler par son nom. --Par saint Theodose! s'ecria Soranzo d'une voix tremblante, comme si la terreur ou la colere l'eussent pris a la gorge, est-ce dans le dessein de repondre a mon hospitalite par une insulte et un defi que vous me tenez de pareils discours, monsieur le comte? Parlez librement." En meme temps il essaya de degager sa main de sa poitrine, comme pour la mettre sur le fourreau de son epee, par un mouvement instinctif; mais il n'etait point arme, et sa main etait de plomb. D'ailleurs Giovanna epouvantee, et craignant une de ces scenes de violence auxquelles elle avait trop souvent assiste lorsque Orio etait irrite contre ses inferieurs, s'elanca sur lui et lui saisit le bras. Dans ce mouvement, elle toucha sans doute a sa blessure; car il la repoussa avec une fureur brutale et avec un blaspheme epouvantable. Elle tomba presque sur le sein d'Ezzelin, qui, de son cote, allait s'elancer furieux sur Orio. Mais celui-ci, vaincu par la douleur, venait de tomber en defaillance, et son page arabe le soutenait dans ses bras. Ce fut l'affaire d'un instant. Orio lui dit un mot dans sa langue; et ce jeune garcon, ayant rempli une
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