ancs. D'autre part,
j'ai bien constate que pendant l'etat d'hypnotisme, les suggestions donnees
sous une forme indirecte sont tres effectives; au lieu de dire a une malade
rebelle: "Vous allez vous lever!" on obtient un effet qui quelquefois est
plus sur, en se contentant de dire a demi-voix a un assistant: "Je crois
qu'elle va se lever." Suivant les circonstances, tel mode de suggestion
reussit et tel autre mode echoue.
Mais revenons a l'etude de l'etat normal. Il faut distinguer les
suggestions de sensations et d'idees et les suggestions d'actes; ces
dernieres sont toujours difficiles a realiser, car elles impliquent d'une
part commandement et d'autre part obeissance, et il est bien vrai qu'un
ordre donne sur un ton autoritaire a quelque chose d'offensant qui excite
un sujet a la resistance. Il y aurait donc lieu d'imaginer une forme
d'experience un peu differente de celle de Sidis.
Un petit detail, assez insignifiant en apparence, est a relever dans les
descriptions de cet auteur. Avant de donner sa suggestion, dit-il, il avait
soin d'engager la personne a regarder un point fixe pendant vingt secondes.
Il ne dit pas pourquoi il a employe cette fixation du regard, ni si les
sujets qui n'avaient pas eu soin de regarder fixement un point etaient plus
suggestibles que les autres. Je pense que cette pratique, qui rappelle
beaucoup le procede de Braid pour hypnotiser, devrait etre etudiee avec
soin dans ses consequences psycho-physiologiques.
La recherche de Sidis ne comporte point une etude de detail, de psychologie
individuelle sur la suggestibilite; elle nous apprend seulement qu'on peut
faire des suggestions d'actes sur des eleves de laboratoire et reussir ces
suggestions. C'est le fait meme de la suggestibilite qui est mis ici en
lumiere, et pas autre chose. L'etude de Sidis a donc ce meme caractere
preliminaire que les etudes bien anterieures de Yung.
Un autre auteur, Berillon, qui s'est beaucoup occupe de l'hypnotisation des
enfants comme methode pedagogique, vient de publier un opuscule[13] ou il
rapporte plusieurs exemples de suggestion donnee a l'etat de veille.
[Note 13: _L'hypnotisme et l'orthopedie mentale_, par E. Berillon,
Paris, Rueff. 1898.]
Ces observations ne rentrent pas absolument dans le cadre de notre travail,
car, ainsi que nous l'avons annonce, nous ne nous occuperons point des
suggestions dites de l'etat de veille, lorsqu'elles sont donnees d'apres
les memes methodes que la suggestion d
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