idemment non; et l'embarras de Grasset a s'expliquer
sur ce point (voir la page 98) montre le defaut de la cuirasse qui existe
dans la theorie. Il n'y a point de separation nette entre la vie
psychique superieure et la vie automatique, au moins a notre avis; la
vie automatique, en se compliquant, en se raffinant, devient de la vie
psychique superieure, et par consequent, nous pensons qu'il est inexact
d'attribuer a ces formes d'activite des organes distincts.
Le premier caractere de la suggestion est donc de supposer une operation
dissociatrice; le second caractere consiste dans un degre plus ou moins
avance d'inconscience; cette activite, quand la suggestion l'a mise en
branle, pense, combine des idees, raisonne, sent et agit sans que le moi
conscient et directeur puisse clairement se rendre compte du mecanisme par
lequel tout cela se produit. L'individu a qui on defend de lever le bras,
rapporte Forel[8], est tout etonne et ne comprend pas comment il peut
se faire que son bras soit paralyse; ce procede de paralysie, qui s'est
realise en lui, et qui est de nature mentale, reste pour lui lettre close;
de meme, l'hysterique a qui l'on fait apparaitre une photographie sur un
carton blanc, tire d'une douzaine de cartons tous pareils, et qui retrouve
ensuite ce carton[9], ne peut pas nous expliquer quels sont les reperes qui
la guident; ce sont des reperes qui sont inconscients pour elle, et cette
inconscience est un caractere de la dissociation.
[Note 8: _Quelques mots sur la nature et les indications de la
Therapeutique suggestive_. Revue medicale de la Suisse romande, decembre
1898.]
[Note 9: Voir _Magnetisme animal_, par Binet et Fere, p. 166 et seq.]
Enfin, pour achever cette rapide definition de la suggestion, il faut tenir
compte d'un element particulier, assez mysterieux, dont nous ne pouvons
donner l'explication, mais dont nous connaissons de science certaine
l'existence, c'est l'action morale de l'individu. Le sujet suggestionne
n'est pas seulement une personne qui est reduite temporairement a l'etat
d'automate, c'est en outre une personne qui subit une action speciale
emanee d'un autre individu; on peut appeler cette action speciale de
differents noms, qui seront vrais ou faux suivant les circonstances: on
peut l'appeler peur, ou amour, ou fascination, ou charme, ou intimidation,
ou respect, admiration, etc., peu importe: il y a la un fait particulier,
qu'il serait oiseux de mettre en doute, mais qu'on a be
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