e garderois bien de l'affirmer, mais je
ferois tente de le croire.
"Sec. 1063. Depuis la vallee dont je viens de parler, et qui termine au
couchant les montagnes primitives, celles qui suivent jusques a St.
Maurice, sont de nature calcaire a couches epaisses et suivies. Ces
couches s'elevent contre les primitives que nous avons cotoyees; et
celles qui en sont les plus voisines paroissent fort tourmentees; ici
flechies, la rompues. Apres une interruption, ces rochers sont suivis
d'autres rochers, aussi calcaires, coupes a pic du cote de la vallee,
et composes de grandes assises horizontales. Ces rochers forment une
enceinte demi-circulaire, qui vient presque se joindre a ceux qui
bordent la rive droite du Rhone, et former ainsi l'entree de cette
vallee, dont le fleuve ne sort que par une issue tres-etroite.
"La ville de St. Maurice est ainsi renfermee par cette enceinte de
rochers, dont les bancs epais, bien suivis, separes par des cordons de
verdure, et couronnes par des forets, avec un hermitage niche entre ces
bancs, presente une aspect singulier et pittoresque.
"Sec. 1064. Les rochers correspondans de l'autre cote du Rhone, ou sur la
rive droite de ce fleuve sont aussi calcaires. La montagne qui domine
cette rive, un peu au-dessus de St. Maurice, est composee de couches
contournees, froissees et repliees de la maniere la plus etrange. Ce
qu'il y a encore de remarquable, c'est que ces couches ainsi repliees
en ont d'autres a cote d'elles qui sont planes, presque verticales, et
d'autres sous elles, qui sont horizontales. Il faudroit avoir observe
de pres ce singulier rocher, et avoir determine comment et jusqu'a quel
point ces couches sont unies entr'elles pour former les conjectures sur
leur origine. Car la vallee est trop large pour que l'on puisse en juger
avec precision d'une rive a l'autre.
"On voit avec peine que cette large vallee soit aussi peu cultivee; elle
est presque partout couverte, ou de marais, ou de debris des montagnes
voisines.
"Sec. 1065. Avant de quitter cette vallee, je jetterai un coup-d'oeil
general sur la singuliere suite de rochers qui composent la chaine que
nous venons d'observer.
"Les deux extremites sont calcaires, avec cette difference, que celle
qui est la plus pres de Martigny est melee de mica, tandis que celle de
St Maurice n'en contient point. Entre ces calcaires sont refermees des
rochers que l'on regarde comme primitives; et au milieu de ces roches on
trouve des ardois
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