imparfaite de cette majestueuse
enceint, en se la figurant comme un amphitheatre moins remarquable par
la vaste etendue de son arene que par la hauteur prodigieuse de ses murs
qui, par-tout bordes de parties saillantes, d'echancrures profondes, et
herisses de rochers dont la ruine est prochaine, se sont entierement
ecroules du cote du nord; elle-est couronnee vers le sud par deux
sommets cylindriques recouverts d'une croute epaisse de neige durcie, et
que leur forme a fait nommer tour de marbre. Au-dessous se succedent, en
forme de gradins, de vastes platte bandes d'une neige qui ne disparoit
jamais, et qui ne cesse point de se fondre insensiblement. Les eaux
produites par cette stillation continuelle se divisent en sept ou huit
petits torrens qui naissant sous ces lits de glace, et roulent sur le
penchant rapide de la montagne ou jaillissent en cascades, quand elle se
trouve coupee a pic. L'un de ces torrens venant du cote de l'est et dont
le volume surpasse celui de tous les autres ensemble, se precipite
du haut d'un rocher qui s'avance en saillie, et tombe avec un bruit
horrible a plus de 1200 pieds de profondeur. Ses eaux, divisees dans les
airs et reduites comme en poussiere, forment autour de la cascade un
brouillard suspendu qui derobe aux yeux du spectateur tout son volume et
la vitesse de sa chute. L'arene ou se reunissent toutes ces eaux et ou
commence le Gave, est de forme irreguliere; sa surface inegale offre
tantot de grands plateaux de neige, des blocs de rochers ecroules et
d'autre debris attenue et reduits a l'etat terreux ou vegetent de belles
plantes que le soleil eclaire a peine. Le Gave, en tombant sur les amas
de neige, y a creuse un gouffre au fond duquel le soleil avant son
declin peint le cercle colore de l'iris. Les eaux disparoissent sous la
neige et renaissent ensuite comme sous un pont etroit ou sou la voute
d'un aqueduc; elles serpentent, se replient a travers les ruines
amoncelees, et surmontent les obstacles qui s'opposent a leur sortie.
"Si l'aspect magnifique et la beaute sauvage de cette enceinte sont
difficiles a representer, sa structure n'en est pas moins facile a
saisir; et dans ce lieu, qui semble fait pour le tourment du peintre de
la nature, elle se decouvre sans peine au yeux de l'observateur et de
l'historien. _La grande enceinte de la cascade de Gavarnie_, dit
M. d'Arcet, _fut un lac autrefois: l'aspect des lieux fait naitre
naturellement cette idee. Dans la suite les rochers
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