qui la fermoient sur
le devant, s'etant detruits, les eaux se sont ecoulees et perdues_.
"On ne peut se refuser a croire avec M. d'Arcet, que l'enceinte des
cascades de marbre n'ait ete autrefois un lac. Le nombre et l'etendue
de ces amas d'eau diminuent tous les jours dans les Pyrenees comme dans
tout pays de montagnes; les eaux qui viennent s'y rendre en exhaussent
le fond par les cailloux et les debris terreux qu'elles y entrainent, et
celles qui s'ecoulent en abaissent le niveau, en creusant insensiblement
le canal par lequel elles sortent. Ainsi la marche lente et progressive
de la nature sans l'intermede des accidens et de revolutions, suffit
pour combler ces vastes creuse ou les eaux se sont amassees, ou pour
ouvrir des issues qui ne leur permettent plus d'y sejourner. Le nombre
de ces lacs abandonnes et perdus n'est guere au-dessous de celui de lacs
encore existans. Les naturels du pays ont appris eux-memes a distinguer
ces monumens naturel; ils ont saisi leur structure semblable a celle
d'un vaisseau evase et coupe dans ses parois d'une ou de plusieurs
entailles profondes, et les ont tous designes par le mot _oule_, qui
derive du mot Latin _olla_, et signifie chez eux marmite; comparaison
aussi juste que peu noble et bien digne de ces observateurs froids, mais
exacts, egalement depourvue de prevention et d'enthousiasme. Ces _oules_
se trouvent souvent placees aux extremite superieurs des vallees, a
l'origine des torrens qui les remplissoient autrefois. En effect,
ceux-ci naissent communement sous quelque vaste amas de neige, ou
s'ecoulent d'un reservoir qui rassemble les eaux des hauteurs voisines.
Le nombre de ces lacs augmente a mesure qu'on s'eleve, et c'est une
observation generale, que ceux des vallees sont pour la plupart combles
ou perdus, et que ceux des montagnes, surtout de celle de granit, sont
presque tous conserves. J'ai dit precedemment, d'apres l'observation
de M. d'Arcet, que l'enceinte des cascades presentoit la forme d'un
reservoir entr'ouvert et epuise, et qu'elle etoit precedee d'un autre
bassin dont l'aspect est moins sauvage et la forme plus reguliere. Tout
porte a penser que celui-ci a ete aussi long-tems rempli d'eau, ou
plutot il resulte d'un examen detaille de ces lieux, que le deux bassins
ne faisoient autrefois qu'un seul et immense reservoir, ou les eaux
etoient retenues a deux ou trois cens toises d'elevation au-dessus du
sol ou elles coulent aujourd'hui. Les rochers qui separent
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