Blois
inclusivement? Au commencement de 1818, les Cruchotins remporterent un
avantage signale sur les Grassinistes. La terre de Froidfond,
remarquable par son parc, son admirable chateau, ses fermes, rivieres,
etangs, forets, et valant trois millions, fut mise en vente par le jeune
marquis de Froidfond oblige de realiser ses capitaux. Maitre Cruchot, le
president Cruchot, l'abbe Cruchot, aides par leurs adherents, surent
empecher la vente par petits lots. Le notaire conclut avec le jeune
homme un marche d'or en lui persuadant qu'il y aurait des poursuites
sans nombre a diriger contre les adjudicataires avant de rentrer dans le
prix des lots; il valait mieux vendre a monsieur Grandet, homme
solvable, et capable d'ailleurs de payer la terre en argent comptant. Le
beau marquisat de Froidfond fut alors convoye vers l'oesophage de
monsieur Grandet, qui, au grand etonnement de Saumur, le paya, sous
escompte, apres les formalites. Cette affaire eut du retentissement a
Nantes et a Orleans. Monsieur Grandet alla voir son chateau par
l'occasion d'une charrette qui y retournait. Apres avoir jete sur sa
propriete le coup d'oeil du maitre, il revint a Saumur, certain d'avoir
place ses fonds a cinq, et saisi de la magnifique pensee d'arrondir le
marquisat de Froidfond en y reunissant tous ses biens. Puis, pour
remplir de nouveau son tresor presque vide, il decida de couper a blanc
ses bois, ses forets, et d'exploiter les peupliers de ses prairies.
Il est maintenant facile de comprendre toute la valeur de ce mot, la
maison a monsieur Grandet, cette maison pale, froide, silencieuse,
situee en haut de la ville, et abritee par les ruines des remparts. Les
deux piliers et la voute formant la baie de la porte avaient ete, comme
la maison, construits en tuffeau, pierre blanche particuliere au
littoral de la Loire, et si molle que sa duree moyenne est a peine de
deux cents ans. Les trous inegaux et nombreux que les intemperies du
climat y avaient bizarrement pratiques donnaient au cintre et aux
jambages de la baie l'apparence des pierres vermiculees de
l'architecture francaise et quelque ressemblance avec le porche d'une
geole. Au dessus du cintre regnait un long bas-relief de pierre dure
sculptee, representant les quatre Saisons, figures deja rongees et
toutes noires. Ce bas-relief etait surmonte d'une plinthe saillante, sur
laquelle s'elevaient plusieurs de ces vegetations dues au hasard, des
parietaires jaunes, des liserons, des convolvu
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