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ou qu'il etait, et plus encore ignorant, d'avoir pris une pareille charge quand, par l'exercice de sa volonte il ne s'etait pas mis en etat de la porter! Vouloir! Mais il n'avait pas appris a vouloir, pas plus qu'a se servir de ce frein que le cerveau fait manoeuvrer, de sorte qu'il en etait de lui comme des animaux inferieurs chez qui les mouvements reflexes s'accentuent par l'ablation du cerveau. VII Le calme relatif que Saniel avait eprouve depuis son mariage, c'etait a Philis qu'il le devait, a la force, a la confiance, a la paix qu'il puisait en elle. Philis sans force, sans confiance, sans paix interieure, telle qu'il la voyait maintenant, ne pouvait lui donner ce qu'elle n'avait plus, et il revenait aux temps bouleverses qui avaient precede son mariage, avec les memes agitations desordonnees et steriles, les memes angoisses, le meme affolement. Les belles relations, la consideration mondaine, le succes, les decorations, les honneurs, c'etait bon pour les autres; mais, pour son repos, il fallait la tranquillite et la serenite de sa femme, sa bonne sante morale qui passaient en lui lorsqu'elle dormait sur son epaule; alors, pas de brusques reveils, pas d'insomnies: au bruit de sa douce respiration, il se rassurait et les spectres restaient dans leur tombe. Mais que cette respiration fut agitee, qu'il ne sentit plus en elle cette tranquillite et cette serenite, qu'il la vit faible, inquiete, il n'en etait plus ainsi: c'etait sa fievre qu'elle lui donnait, non son sommeil. --Tu ne dors pas? Pourquoi ne dors-tu pas? --Et toi? Il fallait qu'il sut. Il avait recommence ses questions, mais elle s'etait toujours defendue, derobee plutot, sans qu'il put rien tirer d'elle, arrete qu'il etait par la peur de se livrer, ce qui semblait facile au point ou l'on devait croire qu'elle etait arrivee; un mot maladroit, une insistance trop appuyee faisaient en elle la lumiere. Aussi affectait-il de ne parler que comme medecin lorsqu'il l'interrogeait, et de ne chercher en elle que des explications medicales a son etat: Si tu ne dors pas, c'est que tu es souffrante; quelle est cette souffrance? D'ou provient-elle? N'ayant pas de raisons a donner pour la justifier, puisqu'elle n'osait meme pas parler de son frere, elle la niait obstinement. --Mais je n'ai rien, repetait-elle; je t'assure que je n'ai rien. Que veux-tu que j'aie? --C'est ce que je te demande. --Alors, moi, je te demande: "Que veux-tu que
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