ur stupefiante. Que
dirait-elle s'il la faisait parler? Tout n'etait-il pas possible, alors
qu'elle ne savait meme pas quelles pensees se cachaient au fond de son
cerveau et qu'elle ignorait entierement ce qu'etait ce somnambulisme
provoque dont elle etait menacee.
A cette epoque, les travaux de l'_Ecole de Nancy_ sur le sommeil,
l'hypnotisme et la suggestion n'avaient pas encore ete publies, ou tout
au moins le livre qui leur a servi de point de depart n'etait pas connu,
et elle ne savait rien des procedes qu'on peut employer pour provoquer
le sommeil hypnotique, en etant restee a ce qu'elle avait lu, sans y
preter grande attention d'ailleurs, sur Cagliostro. Aussitot que son
mari fut parti, elle chercha dans la bibliotheque les livres qui
pouvaient l'eclairer; mais le dictionnaire qu'elle trouva ne fournit a
sa curiosite que des renseignements obscurs ou confus au milieu desquels
elle se noya; le seul point precis qui la frappa fut la formule a
employer pour provoquer le sommeil; faire regarder au sujet qu'on veut
endormir un objet brillant place a 15 ou 20 centimetres au-dessus de
ses yeux; si cela etait vrai, elle n'avait pas a craindre d'etre jamais
endormie.
Cependant elle ne se laissa pas rassurer, et comme a quelques jours de
la elle se trouva dans un diner a cote d'un confrere de son mari, qui,
elle le savait, s'occupait de somnambulisme, elle eut le courage de
vaincre sa timidite habituelle en tout ce qui touchait a la medecine,
pour l'interroger:
--Est-ce qu'il n'y a que les personnes malades de certaines maladies qui
peuvent etre mises en etat de somnambulisme?
--C'etait une croyance autrefois admise par le public et par beaucoup de
medecins qu'on ne pouvait provoquer le somnambulisme que chez les sujets
atteints d'hysterie, de nervosisme, mais il y avait la une erreur:
le somnambulisme artificiel s'obtient chez un grand nombre de sujets
parfaitement sains.
--Conserve-t-on sa volonte dans le sommeil?
--Le sujet ne conserve de spontaneite et de volonte que ce que veut bien
lui en laisser son hypnotiseur, qui, a son gre peut le rendre triste,
gai, colere, tendre et jouer de son ame comme d'un instrument[1].
[Note 1: H. Beaunis: _Le Somnambulisme provoque._]
--Mais c'est effroyable.
--Curieux au moins; il est certain qu'il y a une paralysie locale de
telle ou telle cellule dont l'etude deviendra le point de depart de
decouvertes interessantes.
--Une fois reveille, le sujet se rappelle-t-i
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