s son secretaire.
--Oh! ma tante est occupee a la cuisine; et puis elle ne me gronde
jamais.
De son ecriture la plus appliquee il couvrit une feuille de papier a
lettre.
--A present venez signer.
Je m'approchai:
--Mais Casimir, tu n'avais pas a signer toi-meme! dis-je en riant.
L'enfant, pour donner plus de poids, sans doute, a cet engagement, et
pour qu'il lui parut y engager lui-meme sa parole, avait cru bon
d'ecrire aussi son nom au bas de la feuille ou je lus:
_Monsieur Lacase promet de revenir l'annee prochaine a la Quartfourche.
Casimir de Saint-Aureol_.
Un instant il resta tout deconcerte par ma remarque et par mon rire: il
y allait de tout son coeur, lui! Ne le prenais-je donc pas au serieux?
Il etait bien pres de pleurer.
--Laisse-moi me mettre a ta place pour que je signe.
Il se leva puis, quand j'eus signe le billet, sauta de joie et couvrit
ma main de baisers. J'allais partir: il me retint par la manche et,
penche sur le secretaire:
--Je vais vous montrer quelque chose, dit-il en faisant jouer un ressort
et glisser un tiroir dont il connaissait le secret; puis ayant fouille
parmi des rubans et des quittances, il me tendit une fragile miniature
encadree:
--Regardez.
Je m'approchai de la fenetre.
Quel est ce conte ou le heros tombe amoureux du seul portrait de la
princesse? Ce devait etre ce portrait-la. Je n'entends rien a la
peinture et me soucie peu du metier; sans doute un connaisseur eut-il
juge cette miniature affetee: sous trop de complaisante grace s'effacait
presque le caractere: mais cette pure grace etait telle qu'on ne la put
oublier.
Peu m'importaient vous dis-je les qualites ou les defauts de la
peinture: la jeune femme que j'avais devant moi et dont je ne voyais que
le profil, une tempe a demi cachee par une lourde boucle noire, un oeil
languide et tristement reveur, la bouche entr'ouverte et comme
soupirante, le col fragile autant qu'une tige de fleur, cette femme
etait de la plus troublante, de la plus angelique beaute. A la
contempler j'avais perdu conscience du lieu, de l'heure; Casimir qui
d'abord s'etait eloigne, achevant d'appreter les fleurs, revint a moi,
se pencha:
--C'est maman ... Elle est bien jolie n'est-ce pas!
J'etais gene devant l'enfant de trouver sa mere si belle.
--Ou est-elle a present, ta maman?
--Je ne sais pas.
--Pourquoi n'est-elle pas ici?
--Elle s'ennuie ici.
--Et ton papa?
Un peu confusement, baissant la tete et c
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