s parvint cependant; je
vis la fenetre s'ouvrir, Monsieur Floche se pencher un instant; puis,
aussitot qu'il eut compris:
--Je descends! Je descends!
Casimir je joignait a lui; durant quelques instants je dus faire face
aux congratulations de chacun; on eut dit que j'etais de la famille.
Je redigeai je ne sais plus quel fantaisiste texte de depeche que je fis
expedier a une adresse imaginaire.
--J'ai peur, a dejeuner, d'avoir ete un peu indiscrete en vous priant
trop fort, dit Madame Floche; puis-je esperer que, si vous restez, vos
affaires de Paris n'en souffriront pas trop?
--J'espere que non, chere Madame. Je prie un ami de prendre soin de mes
interets.
Madame de Saint-Aureol etait survenue; elle s'eventait et tournait dans
la piece en criant de sa voix la plus aigue.--Qu'il est aimable! Ah!
mille graces ... Qu'il est aimable!--puis disparut, et le calme se
retablit.
Peu avant le diner l'abbe rentra de Pont-l'Eveque; comme il n'avait pas
eu connaissance de ma velleite de depart, il ne put etre surpris
d'apprendre que je restais.
--Monsieur Lacase, dit-il assez affablement, j'ai rapporte de
Pont-l'Eveque quelques journaux; pour moi je ne suis pas grand amateur
des racontars de gazettes, mais j'ai pense qu'ici vous etiez un peu
prive de nouvelles et que ces feuilles pourraient vous interesser.
Il fouillait sa soutane:--Allons! Gratien les aura montes dans ma
chambre avec mon sac. Attendez un instant; je m'en vais les querir.
--N'en faites rien, Monsieur l'abbe, c'est moi qui monterai les
chercher.
Je l'accompagnai jusqu'a sa chambre; il me pria d'entrer. Et tandis
qu'il brossait sa soutane et s'appretait pour le diner:
--Vous connaissiez la famille de Saint-Aureol avant de venir a la
Quartfourche? demandai-je apres quelques propos vagues.
--Non, me dit-il.
--Ni Monsieur Floche?
--J'ai passe brusquement des missions a l'enseignement. Mon superieur
avait ete en relations avec Monsieur Floche, et m'a designe pour les
fonctions que je remplis presentement; non, avant de venir ici je ne
connaissais ni mon eleve ni ses parents.
--De sorte que vous ignorez quels evenements ont brusquement pousse
Monsieur Floche a quitter Paris il y a quelque quinze ans, au moment
qu'il allait entrer a l'Institut.
--Revers de fortune, grommela-t-il.
--Et quoi! Monsieur et Madame Floche vivraient ici aux crochets des
Saint-Aureol!
--Mais non, mais non, fit-il impatiente; ce sont les Saint-Aureols qui
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