h officiel de Tsetinie, capitale du pays, evaluait, en
1835, ce chiffre a pres de 100 000 ames; le Montenegro s'est etendu
depuis cette epoque, et on peut porter a un maximum d'environ 130 000 le
total des habitants.
Le Montenegro est divise en quatre arrondissements (_nahias_); chacun de
ces arrondissements peut mettre sur pied un nombre de guerriers
determine d'avance.
Les sept montagnes qui environnent le Montenegro forment, sous le nom de
_Berda_, un territoire particulier qui cependant est attache a son
voisin par les liens d'une espece de confederation.
III.
Les Montenegrins sont en majorite schismatiques; ils font cependant
preuve de plus de tolerance que leurs coreligionnaires de la Serbie, de
la Grece et de la Russie. Les catholiques latins exercent en paix leur
culte; les Turcs eux-memes ont une mosquee au Montenegro; ils forment
dans le pays une tribu qui a les memes droits et la meme liberte que les
autres.
Les couvents sont assez nombreux au Montenegro; on cite parmi les plus
remarquables, ceux d'Ostrog et de Maratcha. Entrez dans un de ces
couvents ou l'on accueille le voyageur avec une hospitalite pleine de
bienveillance, vous y trouverez tout au plus une vingtaine de moines. Un
seul religieux occupe le grand couvent de Tsetinie.
Le clerge seculier se compose de 200 popes environ. Ces pretres ont
adopte le costume des guerriers; ils font partie des expeditions, et
comme l'Eglise grecque, ainsi que l'Eglise latine a horreur du sang, ils
ont des masses d'armes dont ils se servent pour assommer l'ennemi quand
ils sont las de prier pour leurs freres ou de les exciter au combat.
Le clerge regulier, au contraire, vit dans une paix et une austerite
profondes. Le moine montenegrin s'habille, comme le caloyer grec, d'une
longue robe de soie noire; aussi les Turcs ont-ils l'habitude de
designer le vladika du Montenegro sous ce titre: _le noir Caloyer_. La
coiffure des moines du Montenegro est un fez rouge entoure d'une etoffe
de soie noire en forme de turban.
Les Montenegrins ont generalement des sentiments religieux assez vifs et
assez profonds. Cependant ils ne suivent pas toujours avec une
regularite parfaite les regles exterieures du culte. Dans notre langage,
on dirait des Montenegrins qu'ils ne pratiquent pas. L'Eglise,
d'ailleurs, repousse des sacrements tout montagnard nourrissant une
haine violente contre le prochain; si cette haine n'a pas craint de se
satisfaire, le coupable ne
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